Panorama Saint-Léon-sur-Vézère

Le panorama s’ouvre soudainement sur ce belvédère naturel après une marche dans des bois denses. A 217 mètres d’altitude, nous surplombons la vallée de la Vézère au niveau du bourg de Saint-Léon-sur-Vézère.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Les eaux rouges de la Vézère sinuent dans son fond de vallée en venant frôler un coteau puis l’autre. La vallée alterne ainsi entre doux méandres cultivés et coteaux abruptes parfois marqués par d’abruptes falaises calcaires. Deux grands types de paysages se lisent : l’un cultivé, ouvert en contrebas, les sols y sont riches et humides ; l’autre en hauteur, composé majoritairement de bois. Cette masse boisée a couvert les falaises calcaires, rendant peu visibles d’anciens lieux d’habitation, les villages troglodytiques. La végétation s’est également développée sur les coteaux calcaires, autrefois pelouses sèches pâturées par les moutons. Sur quelques sommets, des clairières ouvrent cette grande étendue de forêt, composée essentiellement de chênes pédonculés et de châtaigniers. Ce dernier apprécie les couches argileuses acides qui se sont déposées sur le socle calcaire du Crétacé lors du Tertiaire.
L’arbre est également présent dans le méandre. Bosquets, truffières, vergers de noyer, arbres isolés, haies et ripisylves occupent une partie des terrasses alluvionnaires. Les cultures s’étendent sur une bonne part du parcellaire ; maïs, prairie, tritical, blé ou tournesol sont cultivés. A certains endroits la terre à nue révéle une couleur ocre à la texture très fine caractérisant un sol limono-sableuse. La proximité de la Vézère permet d’irriguer certaines cultures gourmandes en eau comme le maïs en pompant dans la Vézère.
Le bourg, camouflé par la ripisylve, s’est développé au bord de la rivière en lien direct avec celle-ci. Hier axe commercial, elle est aujourd’hui l’atout majeur du tourisme. Des indices dans le panorama, nous indique la présence d’une activité touristique importante sur ce territoire liée à sa rivière ainsi qu’à son patrimoine préhistorique et historique. Canoës, visites de villages troglodytiques ou d’un des plus beaux villages de France se concentrent autour de la rivière. Campings ou parkings accueillant les voitures et les campings-cars sont visibles depuis notre belvédère. Le paysage change de visage en fonction des saisons. Les habitations isolées se dispersent sur les terrasses du méandre à l’abri des crues de la rivière. Les clairières sur les hauteurs sont également ponctuées de quelques hameaux.

  Le paysage d’hier

Carte de Belleyme, Archives départementales de la Dordogne

Saint-Léon-sur-Vézère Les vignes s’étendaient sur une bonne partie du territoire notamment sur les coteaux exposés au Sud. Aujourd’hui, cette culture a totalement disparu du paysage. Les forêts de chênes et de châtaigniers se développaient sur les sommets et les terrains pentus et les marais accompagnaient les cours d’eau.

Les falaises et leurs anfractuosités furent utilisées dès la préhistoire comme habitat pour l’homme. Ces sites étaient visibles dans la vallée au XVIIIe siècle car dégagés de toute végétation. Les boisements étaient localisés sur les sommets ainsi que sur les terrains pentus et pauvres. Le paysage était en général ouvert car les parcelles au sol profond étaient semées de froment, de seigle, d’orge, d’avoine ou de maïs. La vigne poussait sur les coteaux ; mais après la crise du phylloxéra, elle ne fût pas replantée. Ainsi, la forêt a progressivement pris la place des anciennes terres de vignes au sol difficile pour la culture.
La Vézère a été l’axe de communication majeure jusqu’au XIXe siècle. Les gabarres avec leur fond plat permettaient de naviguer sur la rivière au délà de Saint-Léon-sur-Vézère pour transporter du sel, du vin et d’autres denrées coloniales venus du port Bordelais. La ripisylve était absente pour ne pas gêner le passage des animaux et la traction des bateaux, chargés en provisions, depuis le chemin de halage. Au XXe siècle, la mécanisation agricole change l’organisation du paysage. Les bois se développent massivement sur les coteaux et sommets et les cultures se localisent particulièrement dans les méandres dont la taille des parcelles a été augmentée lors du remembrement agricole.

  L’évolution des paysages

L’expansion urbaine s’est limitée depuis toujours aux espaces protégés des risques d’inondation. Les premières terrasses des méandres sont inondables à certaines périodes de l’année, ainsi aucune habitation n’y a été construite. On retrouve ainsi des cultures adaptées à ces fluctuations du niveau de l’eau, d’autant plus que ces terres sont riches et qu’il est plus intéressant de les conserver pour une fonction agricole. Le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) permet d’interdir ou de réglementer la construction dans ces zones à risque.
La vallée de la Vézère dans sa partie périgourdine est depuis début 2020 labellisée Grand Site de France. Un des axes de projet est de favoriser et développer un tourisme basé sur la découverte sensible de la vallée Vézère tout en respectant l’environnement. Cette prise en compte du tourisme durable dans ce site très prisé passe par une gestion de la fréquentation du public en fonction de la sensibilité environnementale du lieu, mais aussi par l’utilisation d’un autre mode de déplacement que celui de la voiture entre les différents lieux de visites. L’objectif est d’impliquer les touristes à la préservation de la vallée. Avec la labellisation Grand Site, un équilibre s’établit entre le respect de ce paysage et la découverte touristique.

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