Panorama de Monbazillac

Au Sud du département de la Dordogne, les paysages de la commune de Monbazillac sont marqués par la présence de vignes. Ce belvédère est implanté sur le coteau sud de la vallée de la Dordogne, au pied du château de Monbazillac.

Rédaction et iconographie CAUE 24

Panorama de Monbazillac

  Lecture de paysages

Sur le chemin de randonnée de la boucle de Monbazillac, le panorama s’ouvre au pied du château. La pente Nord du coteau s’étend doucement jusqu’au large fond de vallée de la Dordogne. Un paysage de vignes s’étend devant nous. Ils changent à chaque saison : un vert tendre caractérise les couleurs du printemps, tandis que l’automne montrent les feuilles dorés des vignes. Le relief doux de la vallée de la Dordogne est souligné par le mouvement des rangs de vignes. Le sous-sol molassique du territoire a permis l’implantation de grands vignobles dans le secteur du Bergeracois. De nombreux châteaux dans le paysage témoignent de l’essor économique lié à cette culture. En plus de la composition du sol, le climat chaud et l’exposition, favorable sur le coteau Nord, ont permis le développement de la vigne et la spécificité liquoreuse des vins de Monbazillac. Les chemins d’exploitations suivent le découpage parcellaire et permettent une multitude de lieux de promenade. A l’arrière-plan, les boisements s’étendent majoritairement sur les plateaux. Cependant, dans le Monbazillacois il ne subsiste que des petits bosquets. On retrouve quelques petits bosquets isolés parsemés dans le paysage ; souvent, cette masse boisée est liée à un jardin arboré ou à des vergers de pruniers. Dans ce paysage très ouvert, les ripisylves soulignent le passage des ruisseaux rejoignant la Dordogne. La rivière est assez peu perceptible depuis notre point de vue.
L’habitat est disséminé en petit hameau isolé composé de châteaux, de fermes ou d’un petit groupement d’habitations. Au loin, on peut observer l’agglomération Bergeracoise. Les différentes routes principales convergent vers Bergerac, pôle économique majeur du Périgord Poupre. L’aéroport, espace plan sans végétation, est visible et témoigne de l’étalement de l’agglomération de chaque côté des berges de la Dordogne.

  Le paysage d’hier

Monbazillac : Sur la carte de Belleyme sont représentées en rouge les parcelles cultivées en vigne. Bien que la Dordogne ait été caractérisée pendant longtemps pour sa culture vivrière et ses petites parcelles de vignes dans son paysage, le secteur du Bergeracois est déjà marqué au XVIIIe siècle par la présence de grande étendue de vigne.

Les vignes ont été plantées ici pour plusieurs raisons : le climat, le sol molassique mais aussi la proximité de la rivière de la Dordogne. Les bateaux venant d’Auvergne chargés en tonneaux vides, étaient remplis de vins à Bergerac et poursuivaient leur navigation jusqu’à Libourne et Bordeaux. Les vins du Bergeracois étaient ensuite exportés vers le Nord de l’Europe et plus particulièrement vers les Pays-Bas.
Le paysage de vignoble comme le montre la carte de Belleyme, a survécu à la crise du phylloxéra. Ce puceron des Etats-Unis a détruit une grande partie des vignobles français. S’attaquant aux feuilles puis aux racines, il a réduit fortement nos vignes françaises. Les pesticides ne pouvant l’exterminer, les pieds de vignes ont été immergés pour noyer le puceron. Impossible à faire dans certains cas en raison de la topographie, les vignes françaises ont été greffées sur des pieds américains, plus résistants aux attaques du puceron. Le vignoble a repris ses droits au XXe siècle et une monoculture s’est alors installée dans le secteur du Bergeracois.
Comme aujourd’hui, les bois étaient peu présents dans les paysages du Bergeracois afin de laisser un maximum de place à la vigne, culture de prestige et les haies maillaient le paysage. Contrairement au reste de la Dordogne, la taille des parcelles de vignes a été peu modifiée.

  L’évolution des paysages

Comme toute monoculture, la question de la diversité végétale et de la présence de corridors écologiques se pose. Autrefois, les parcelles de vignes étaient accompagnées de haies servant entre autres à délimiter les propriétés des viticulteurs. Aujourd’hui, avec la mécanisation, les haies ont disparu pour permettre le passage plus aisé des machines. Les routes et la présence d’un habitat dispersé clôturant souvent ses limites de propriété, amplifient le cloisonnement des habitats faunistiques et floristiques et limitent les échanges entre eux.
La ville de Bergerac s’est développée et atteint plus de 27 000 habitants (INSEE 2016). Outre l’agglomération, les hameaux se sont développés, notamment ceux proches des grands axes de circulation. La proximité d’une route vers Bergerac, pôle d’emploi du territoire, a engendré une urbanisation linéaire le long des routes. Les maisons individuelles s’alignent le long des voies et l’attraction de la ville vide progressivement les centres bourgs ruraux de leur dynamique. La stratégie de développement des zones constructibles via les documents d’urbanisme a une conséquence directe sur la vie dans les bourgs. L’urbanisme linéaire proche des axes routiers favorisent souvent les flux pendulaires en dépit d’une vie dynamique dans le centre des petites communes.

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