Situation et ensembles régionaux
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Sur le versant atlantique du Massif Central, le département s’inscrit à la rencontre de grands ensembles paysagers régionaux.
Au pied du Massif central
Le département de la Dordogne occupe la façade océanique du Massif Central, face au golfe de Gascogne, à une latitude qui correspond au centre du Massif et à une longitude qui met à égale distance la côte et les principaux sommets.
Sur le long versant qui joint le Massif Central (plateau de Millevaches, monts Dore, monts du Cantal) à l’océan (Gironde, côte des Landes de Gascogne), le département de la Dordogne occupe ainsi une position moyenne, en réalité plutôt basse en termes d’altitude, une sorte de piémont plus océanique que montagnard.
Ce tropisme océanique se lit également dans la nature des roches à forte prédominance sédimentaire, seule une petite partie du département se situant dans le domaine du massif hercynien.
- Carte géologique au 1/1 000 000 et légende. Les points noirs de la légende indiquent les couches représentées en Dordogne.
- Du nord-est vers le sud-ouest les formations géologiques se succèdent : Massif central granitique ou métamorphique, sédiments jurassiques, crétacés, puis tertiaires. Dépôts quaternaires dans les vallées. La régularité de cette organisation est confortée par d’importantes failles nord-ouest - sud-est qui bordent le Massif central.
Source : Ign Géoportail, BRGM
Un substrat surtout sédimentaire
Une brève histoire géologique
1re phase : le Massif central se forme
Les roches de la bordure nord-est du département appartiennent au Massif central. Il s’agit soit de granites (tout à fait au nord), soit de roches métamorphiques plus mélangées, produites puis remaniées pendant l’ère Primaire par des mouvements tectoniques complexes et de grande ampleur. La formation des paysages de la Dordogne va être influencée par cette montagne proche.
2e phase : érosion de la montagne hercynienne et dépôts continentaux
A la fin du Primaire (250 millions d’années) et au début de l’ère Secondaire (Trias, Lias), des produits d’érosion se déposent au pied du Massif central. On trouve la trace aujourd’hui de ces dépôts « continentaux », souvent gréseux, vers l’est du département, notamment près du bassin de Brive. Cette érosion va se poursuivre jusqu’à ce que la montagne n’émerge plus que modestement.
3e phase : les dépôts marins
Dans la suite de l’ère Secondaire, au Jurassique moyen (vers 170 millions d’année), le niveau de la mer s’élève suffisamment pour pouvoir pénétrer jusqu’au bord des affleurements cristallins, c’est-à-dire dans presque tout le département. Des dépôts marins calcaires vont alors s’accumuler au pied du Limousin.
4e phase : les 1ers mouvements alpins
Alors que les calcaires jurassiques s’accumulent et s’enfoncent progressivement, de nouveaux mouvements tectoniques vont débuter et faire surgir progressivement les Alpes et les Pyrénées. Le Massif central et les régions voisines sont également affectés par ces mouvements et la sédimentation marine va cesser à la fin du Jurassique pour ne reprendre qu’à la fin du Crétacé (65 millions d’années), à nouveau sous la forme de dépôts principalement calcaires qui recouvrent donc les dépôts jurassiques précédents.
5e phase : contre-coup de la montée alpine et reprise de l’érosion
Au Tertiaire, les mouvements alpins prennent de la vigueur, le socle remonte provoquant l’érosion des parties émergées. Sur les hauteurs, les formations crétacées sont arrachées et les calcaires jurassiques affleurent à nouveau. Vers l’intérieur du département, l’érosion est moins intense, les couches du Crétacé résistent. Sur les parties les plus basses de l’ouest départemental, les produits de cette érosion se déposent alors que plus à l’ouest encore, en Gironde ou Charente-Maritime, ainsi que dans le sud du département, des dépôts marins ont encore lieu. A l’Éocène et à l’Oligocène (50 à 30 millions d’années), les plateaux de l’ouest périgourdin (Double, Landais) se forment ainsi par accumulation de produits détritiques, souvent sableux, qui vont également se déposer, mais plus modestement dans la partie plus centrale du Périgord, recouvrant une partie des affleurements crétacés.
6e phase : mise en relief des plateaux et dépôts de vallées quaternaires
Alors que la phase d’érosion de la montagne et de dépôts détritiques qui caractérisent le Tertiaire périgourdin est à peine terminée, les conditions climatiques quaternaires vont favoriser l’érosion de tous les plateaux, qu’ils soient constitués de calcaires jurassiques ou crétacés, ou de dépôts continentaux tertiaires. Les rivières importantes qui traversent le département vont voir leurs vallées s’élargir et leurs affluents vont modeler les plateaux, apportant des dépôts alluviaux, parfois argileux, dans les fonds de vallées.
7e phase : fin des glaciations et constitution des sols
À la fin du Quaternaire, le climat actuel se met en place. La végétation forestière s’étend et remplace les formations steppiques des périodes froides. Les sols se développent de manière différenciée sous cette végétation en fonction des climats locaux, de l’exposition, des roches présentes.
Des sédiments peu déformés
Dans toute son histoire géologique, le département est surtout concerné par des mouvements tectoniques de grande ampleur.
Au nord-est du département, un dénivelé assez net souligne le passage des roches cristallines du Massif Central aux calcaires jurassiques. Mais dans le reste du département, la pente générale vers l’Océan est progressive, les changements stratigraphiques peu lisibles, dans le relief qui s’abaisse régulièrement.
Les failles sont nombreuses et importantes dans la zone de contact entre le massif ancien et les plateaux jurassiques où elles correspondent à une rupture de pente assez nette. Leur orientation majoritairement nord-ouest-sud-est, est perpendiculaire à la pente générale du versant qui relie le Massif central à l’océan. D’autres failles, d’orientation similaire, sont à l’origine de la juxtaposition de terrains jurassiques et crétacés, mais elles ne révèlent pas, en Dordogne, les mêmes reliefs marquants qu’on trouve plus au sud, notamment.
Hormis les failles, les plissements sont rares et cette relative absence de déformation est une caractéristique importante du département, formé de grandes étendues sédimentaires épaisses et subhorizontales, qui provoquent peu de formes structurales. Quelques déformations affectent cependant les plateaux et l’organisation des cours d’eau, surtout dans le Nord du département.
Un climat océanique altéré
Traversé par le 45e parallèle nord, le département est soumis à plusieurs influences climatiques. La plus nette résulte de la proximité du golfe de Gascogne (150 km) qui s’avance par l’estuaire de la Gironde à moins de 50 km de l’ouest du département. De l’autre côté, les effets du Massif central sur les températures et les précipitations se font également sentir. Localement, la présence de causses et d’une végétation aux accents méditerranéens suggère des influences méditerranéennes pourtant timides, car éloignées et en partie bloquées par les reliefs du Massif central et, sans doute, des Pyrénées.
Si la plupart des cartes climatiques attribuent au département de la Dordogne un climat océanique altéré, parfois qualifié de tempéré, cette situation intermédiaire entre des climats plus caractérisés, que la Dordogne partage en partie avec les départements voisins, est plus ou moins contrastée selon les auteurs.
« La température moyenne annuelle est assez élevée (12,5°C) avec un nombre de jours froids (inférieurs à -5 °) faible (entre 4 et 8/an) et chauds (supérieurs à 30°) soutenu (entre 15 et 23/an). » selon les rédacteurs de la carte 1 ci-dessous qui y voient aussi un climat à faible amplitude annuelle.
Pour Météo France (carte 2), ce climat se définit comme : « une zone de transition entre le climat océanique et les climats de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l’éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu’en bord de mer, sauf aux abords des reliefs. »
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La situation départementale est bien mise en valeur par les diagrammes climatiques des régions voisines :
Plus au nord, les températures diminuent progressivement mais aussi les précipitations, notamment vers Poitiers où la continentalité se fait plus nette.
Vers l’ouest, à Blaye et surtout à Arcachon, les pluies sont plus abondantes, et les hivers plus doux.
Vers l’est, les températures sont plus basses toute l’année et les précipitations tendent à nouveau à augmenter, surtout vers le Limousin.
Vers le sud, dès Agen, Villeneuve-sur-Lot ou Cahors, et s’accentuant au-delà vers Auch, Toulouse ou Albi, les pluies sont moins abondantes et les températures estivales plus élevées, les périodes de sécheresse plus nettes.
S’il s’agit bien d’un « pays de transition » [1] ce n’est donc pas seulement selon une direction est-ouest entre Massif Central et Bassin Aquitain, mais aussi selon un gradient nord-sud qui voit s’échanger les influences de l’Europe du Nord-Ouest et celles de la Méditerranée. Alors que l’influence atlantique domine à l’échelle départementale, la sensibilité aux variations locales est également perceptible à l’intérieur du département qui permet notamment à l’influence méditerranéenne de se manifester dans le Sud-Est.
Un territoire au contact de grands ensembles régionaux
La frontière départementale inscrit ainsi la Dordogne dans plusieurs grands ensembles paysagers régionaux déterminés par la géologie : la montagne limousine et le bassin de Brive, les Causses du Quercy, la Guyenne, les bas plateaux de la Double et du Landais, les plateaux agricoles charentais… Tous ces ensembles s’étendent, parfois en majorité, de l’autre côté de la limite départementale. Les grandes vallées qui traversent ces mêmes ensembles d’est en ouest irriguent également des territoires plus étendus, y compris en amont, pour les plus importantes.
Toutefois, la partie centrale de ce carrefour géographique, constituée par les plateaux périgourdins crétacés, autour desquels toutes les autres entités régionales trouvent leurs limites, est finalement la plus typique du département, à défaut d’être la plus typée, dans le sens où elle ne trouve guère de prolongements vers l’extérieur, et peine à se constituer comme paysage de référence. Au nord les reliefs s’amenuisent vers l’Angoumois, au sud le plateau Crétacé disparaît vers la vallée du Lot. Entre les deux, la mosaïque vallonnée du Périgord central se relie aux autres ensembles de manière souvent progressive.
Le département, comme beaucoup d’autres, tire ainsi sa richesse de la diversité que lui procure sa situation régionale.
[1] Patrick Ranoux, Atlas de la Dordogne-Périgord, 1996