Panorama de Grèzes

Dans la commune des Coteaux Périgourdins entre Terrasson-Lavilledieu et Brives, un sentier mène à la station météorologique située sur un plateau au dessus du bourg des Grèzes. Là, une vue lointaine se dégage au Nord vers les paysages agricoles et urbains.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Le relief tourmenté de ce paysage est dessiné par de nombreuses combes et petites vallées dont les cours d’eau rejoignent la rivière de la Vézère au Nord. Son fond de vallée est large de plus d’un kilomètre, ce qui permet d’y faire croître des cultures plus exigeantes comme certaines céréales. Ailleurs, ce sont les bois et les prairies qui dominent le paysage car le sol est plutôt mince, pauvre et sec. Les prairies et les habitations se partagent les plateaux où la topographie s’adoucie tandis que les pentes fortes sont couvertes par les bois. Ainsi les hauteurs de ce paysage sont dégagées, là où les roches sédimentaires anciennes se sont accumulées. Deux types de roches sédimentaires caractérisent le sous-sol de ces points hauts : en rive droite de la Vézère, les calcaires durs du Jurassique dominent tandis qu’en rive gauche le sol est composé de calcaires gréseux et de grès aux teintes plutôt rouges. Cette roche à la couleur spécifique est visible sur les habitations traditionnelles de ce territoire car elles constituent le matériau premier pour leur construction.
La présence de calcaire ancien, à quelques mètres sous vos pieds, a permis la plantation de certaines cultures comme des vergers de noyers mais aussi de truffiers sur les coteaux bien exposés au soleil. Le développement de chênes pubescents, un des hôtes de la truffe, mais aussi de viornes ou de cornouillers confortent la présence de ce sol particulier : un calcaire dur créant un sol drainant, pauvre et sans profondeur. Quelques carrières ont exploitées ces affleurements rocheux plus à l’Ouest du belvédère.
Sur les hauteurs, le vallonnement du relief a limité le mitage des habitations dans le paysage ; il est plutôt groupé. A contrario, le fond de vallée large de la Vézère a permis un développement plus important du tissu urbain notamment près des grands axes routiers. Ainsi, Pazayac et son hameau Daudevie, posté entre les villes de Terrasson-Lavilledieu et Brives, se sont étendus jusqu’à la départementale 6089, ancienne voie royale reliant Bordeaux à Lyon pour profiter des avantages commerciaux de cet axe passant.

  Le paysage d’hier

Carte de Belleyme, Archives départementales de la Dordogne

Coteaux Périgourdins : Vignes et cultures composent le paysage du territoire de Grèzes et de Pazayac au XVIIIe siècle. Les bois remplacent petit à petit le vignoble au XXe siècle suite à la crise du phylloxéra. Une nouvelle occupation de sol succède à ces terres pentus et peu fertiles.

Les forêts sont extrêmement rares dans le paysage du XVIIIe siècle, car contrairement à aujourd’hui, se sont les parcelles de vignes qui dominent le paysage. L’enquête de Cyprien Brard confirme la présence de la vigne basse sans échalas sur ces terres peu fertiles des plateaux. Le reste du territoire est occupé par des cultures céréalières tels que le froment, le seigle, l’orge ou le blé d’espagne. Ce n’est qu’au XXe siècle que les vignes disparaissent suite à la crise du phylloxéra pour laisser la place aux boisements. L’arbre n’est pas uniquement présent sur les pentes et les plateaux car des arbres isolés, des haies et des vergers s’installent, délimitant les parcelles en lanières. Suite au remembrement, ce maillage fin du parcellaire et de petites haies ont disparu pour laisser place à de grandes cultures dans la vallée.
La route royale Bordeaux-Lyon est visible sur la carte de Belleyme. L’actuelle D6089 reprend ce tracé linéaire qui sera accompagné dans les années 2000 par l’autoroute A89. Cette voie permettait aux Périgourdins d’accéder rapidement aux marchés de Brives. Riche de cette voie, le hameau de Dandevie dans la commune de Pazayac s’est développé en profitant de cet axe commercial. Aujourd’hui encore, entreprises, commerces et anciennes affiches publicitaires sont visibles dans ce hameau.

  L’évolution des paysages

La proximité de deux villes importantes, Terrasson Lavilledieu et Brives, reliées par une voie départementale a influencé l’organisation d’un tissu urbain linéaire. Habitat, commerces et entreprises se sont développés en chapelet le long des axes routiers afin de profiter d’une visibilité et d’une facilité d’accès aux deux villes. Cependant cette urbanisation a de multiples conséquences. En effet, le bourg n’est plus le centre du développement urbain et le cœur de la vie municipale, ce qui engendre des enjeux en termes de logements vacants mais aussi d’animation dans le centre. La silhouette de bourg est également modifiée par le chapelet de nouvelles constructions qui étire les entrées de bourg et change l’ambiance rurale d’un village.
Les constructions linéaires ferment également les vues lointaines sur le grand paysage depuis les routes. Tout comme la modification de la silhouette de bourg, le caractère du paysage rural est perdu et ainsi l’identité du lieu. Le paysage se banalise.
Les continuités écologiques sont également coupées par l’urbanisation linéaire qui empêche le passage de la faune d’un habitat à l’autre. Les clôtures délimitant les propriétés et les activités humaines nuisent aux passages des espèces animales.