Panorama d’Aubas

Entre Condat-sur-Vézère et Montignac, la vallée de la Vézère se révèlent aux randonneurs au niveau du lieu-dit l’Escaleyrou à Aubas, à 177m d’altitude. Les méandres cultivés et les coteaux calcaires sont visibles depuis le panorama, ponctué par la présence de quelques châteaux.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Le panorama est marqué par deux grands types de paysages, basculant d’un paysage ouvert et cultivé à paysage boisé. Très ouvert dans le méandre, le parcellaire est occupé par des cultures de céréales et des prairies humides. L’arbre n’est présent qu’isolé, sur quelques limites parcellaires ou en linéaire, dessinant notamment la ripisylve de la rivière de la Vézère. Ces terres riches en alluvions, bien drainés et fraiches sont précieuses pour l’agriculture. De nombreux châteaux s’y sont implantés et ont profité de cette vallée riche : la petite Filolie, Sauvebœuf ou encore la Fleunie.
Plus en hauteur, le sol est maigre, sec et chaud en été dû à la proximité de la roche calcaire. Elle est visible au niveau des falaises et laisse à penser que cette roche mère affleure sur les plateaux en hauteurs. Les combes, très étroites, font varier le relief. L’étroitesse des combes et la mauvaise qualité des terres rendent la culture difficile ; les bois de feuillus ainsi que les prairies sur les parcelles planes sont les principales composantes de ce paysage. En effet, la forêt représente plus de la moitié de l’occupation du sol de la commune. Sur le plateau, à l’Est, une grande bande déboisée est visible ; il s’agit de l’aérodrome de Condat-sur-Vézère, nés dans les années 70. Quelques hameaux se sont développés également sur ces hauteurs dégagées mais l’essentiel de l’urbanisation s’est faite dans les bourgs, situés principalement à proximité de la rivière. Routes, urbanisation et agriculture se partagent donc ce fond de vallée aux terres planes et arables.
L’eau de la Vézère a permis le développement d’industries sur le territoire. Les papeteries de Condat, implantées à la jonction du ruisseau du Cern et de la Vézère mais aussi d’anciennes sablières sont encore visibles dans le paysage. En effet depuis le panorama, on remarque au loin les cheminées de l’entreprise papetière. L’énergie de l’eau est également utilisée au niveau du barrage d’Aubas. Sur les coteaux, c’est la roche calcaire qui a été exploitée par l’homme. Deux carrières de calcaire du jurassique sont encore en activité aujourd’hui dans les communes de Condat-sur-Vézère et à Terrasson-Lavilledieu.

  Le paysage d’hier

Carte postale ancienne vers Aubas, SHAP, Société Historique de l’Architecture en Périgord
Carte postale ancienne du Château de Sauveboeuf, SHAP, Société Historique de l’Architecture en Périgord

Aubas : Les deux cartes postales anciennes ci-dessus montrent le paysage des coteaux tels qu’il était au début du XXe siècle. Ils sont marqués par la présence de prés pâturés où quelques broussailles poussent. La rivière de la Vézère est un élément essentiel pour la production d’énergie.

Le paysage du XVIIIe siècle était tout autre de celui d’aujourd’hui, car les bois n’occupaient qu’une petite partie du territoire. Ils étaient localisés au bois de Labat ainsi qu’à la forêt de Coly. En effet, la majorité du territoire était composé de cultures (froment, seigle et avoine), de prairies mais aussi de vignes. Ces dernières s’étendaient sur les coteaux bien exposés ainsi que sur la plaine alluviale. Les différents bâtiments agricoles liés à la viticulture (chais, cuviers, cabanes de vigne...) dans les villages témoignent de l’importance de cette culture avant la crise du phylloxéra au XIXe siècle. Aubas est resté isolé des autres communes car peu de route reliait le bourg. Seul le port permettait de transporter les différentes marchandises. La Vézère difficilement navigable dans cette partie de son cours a été aménagée en 1843 avec la construction d’une écluse. Les liaisons avec le reste du territoire s’améliore ensuite avec le tracé de nouvelles routes à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Les industries s’implantent alors sur cette portion du territoire (forge, verrerie, houillère et industrie chimique). Le chemin de fer arrive ensuite au XIXe siècle au niveau du Lardin ; la Vézère est alors radiée des voies navigables en 1926. L’enfrichement des coteaux commence à la deuxième moitié du XIXe siècle au moment où l’économie agricole et industrielle déclinent.

  L’évolution des paysages

Depuis le XIXe siècle, les paysages ont évolués avec le double déclin de l’agriculture et de l’industrie suite à l’exode rural et aux accords de libre échange. La forêt, largement exploitée pour la production de charbon indispensable au fonctionnement des forges et des usines, a été délaissée. Les terres autrefois pâturées par les troupeaux se sont enfrichés également suite à la diminution des agriculteurs et la mécanisation des exploitations agricoles. Ces deux facteurs ont eu pour conséquence une modification totale de l’occupation du sol passant ainsi d’un territoire cultivé ouvert à un paysage largement boisé où l’agriculture s’est localisée sur les meilleures terres, celles de la plaine alluviale. Les châteaux de la vallée, ayant autrefois une vue ouverte ont vu leur paysage se refermer autour d’eux.
Dans un second temps, l’urbanisation s’est accentuée depuis la deuxième moitié du XXe siècle, privilégiant la proximité des routes et des bourgs situés en fond de vallée de la Vézère. Les terrains, construits de plus en plus vastes, grignotent progressivement les terres arables. Mais aujourd’hui, les nouveaux documents d’urbanisme permettent donc de maîtriser cette expansion afin de trouver l’équilibre entre maintien d’une agriculture et accueil de nouveaux habitants.

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