Panorama de Villefranche de Lonchat

Nous sommes au niveau du belvédère du bourg de Villefranche-de-Lonchat. La vue est dégagée vers le Sud et le Sud-Est en direction des communes de Carsac-de-Gurson et Montpeyroux.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Le paysage est doucement vallonné, ondulant entre 100m d’altitude sur les hauteurs et 30m dans les fonds de vallée. Malgré cette douceur apparente, quelques buttes emergent. La bastide de Villefranche-de-Lonchat est bâtie sur l’une d’elles tout comme le château de Carsac-de-Gurçon, le hameau le Bernis ou encore le bourg de Montpeyroux. Dans l’ensemble les molasses et les marnes dominent la carte géologique mais ces pechs (butes) sont marqués par la présence de calcaire à astéries, un socle plus dur propice à l’implantation humaine.
Le sous-sol marneux ou molassique du territoire crée des terres lourdes et difficilement cultivables en présence d’eau, appelées terreforts. En situation bien exposée, les vignes ont été plantées. Les prairies et la forêt occupent le reste de ces sols difficiles ; les bois dominent l’Ouest du panorama, prémice des paysages du Landais. Les terres cultivées (maïs, tournesol, avoine et blé) se trouvent principalement sur les hauteurs, là où les terres sont drainées ou dans les fonds de vallée ouverts où les dépôts sableux et graveleux caractérisent le sol.
L’eau est bien présente dans ce panorama. D’une part, par la présence d’étangs artificiels. Le plus important d’entre eux est le lac de Gurçon, propriété du Département depuis 2013, avec ses 14 hectares de plan d’eau. Il sert de base de loisirs (baignade, sport de plein air, pêche etc...) pour les habitants comme pour les touristes. D’autre part, la présence d’essences hygrophiles, comme le peuplier, annonce la particularité hydrologique de ces sols. La haie et l’arbre marquent ce paysage agricole. Ils accompagnent les parcelles de prairies fauchées ou pâturées et suivent le tracé des petits cours d’eau.
Châteaux et vignes témoignent d’un paysage viticole ancien inclu dans le secteur de l’AOC Bergerac et Côtes de Bergerac. Les vignes ont été plantées principalement sur les côteaux bien exposés pour profiter de l’ensoleillement et des terres bien drainées.
le paysage bâti d’autrefois, constitué de châteaux et fermes isolées s’est profondément modifié depuis la seconde moitié du XXe siècle. De nouvelles constructions se sont implantées plus particulièrement en linéaire près des voies de communication et sur des lignes de crêtes pour profiter du panorama.

  Le paysage d’hier

Villefranche de Lonchat : Les moulins à vents (en rouge) sont nombreux dans le paysage de Villefranche de Lonchat. A contrario, les moulins à eau y sont totalement absents. Vignes et cultures dominent le paysage tandis que les bois et les friches s’installent sur quelques coteaux.

Dans l’enquête de Cyprien Brad de 1835, les terres de Villefranche de Lonchat sont décrites : « Le sol est en général médiocre, reposant sur une plus ou moins grande profondeur sur une couche de Tuf argileux imperméable. » Malgré sa mauvaise qualité, 600 hectares de terres sont travaillés pour produire pour la moitié du seigle et de l’avoine. A cette époque, 80 hectares sont consacrées à la vigne. Les inter-rangs sont semés en blé pour optimiser le rendement des terres fertiles. Après la crise du phylloxéra, seules les parcelles les plus propices à la culture ont été replantées, à l’exemple des terres de Villefranche.
Le paysage est donc ouvert et cultivé au XVIIIe siècle. Les pechs dégagés étaient des lieux propices à la construction de moulins à vents. Les moulins à eau sont absents de cette campagne contrairement au reste du département utilisant essentiellement la force hydraulique. Le paysage a peu évolué jusqu’au XIXe siècle, gardant cette diversité de cultures. Puis les bois se sont progressivement développés au XXe siècle pour occuper les terres de moins bonne qualité. Leur évolution s’est essoufflée depuis les années 50.
Le lac de Gurçon n’apparaît qu’en 1970 à la place d’un boisement. Une multitudes de petits étangs ont été creusés à la même époque.

  L’évolution des paysages

Les moulins à vent, autrefois éléments identitaires du paysage de Villefranche-de-Lonchat, sont aujourd’hui absents du panorama. Lorsqu’ils n’ont pas été détruits, les bois les ont recouverts, noyés dans leurs branchages. Leur usage d’origine étant inadapté à nos besoins contemporains, les moulins ont été délaissés et livrés à leur lente détérioration. Les chemins de randonnée permettent encore aux plus jeunes de les découvrir et de partager l’histoire de la vie quotidienne dans nos campagnes d’autrefois. Plusieurs associations en Dordogne, inventorient, restaurent et valorisent le petit patrimoine qui permet de comprendre en partie l’évolution de nos paysages.
Aujourd’hui, ce ne sont plus les moulins qui sont construits sur les hauteurs mais les pavillons ! Ce paysage agricole ouvert est apprécié et les nouvelles constructions s’installent volontiers en chapelet le long des routes en lignes de crêtes. La vue est ainsi privatisée par quelques maisons et la silhouette du bourg s’en trouve modifiée. Les documents d’urbanisme sont un des outils permettant d’inclure notre nouvelle façon d’habiter tout en respectant nos paysages. L’intégration paysagère des nouvelles constructions est essentielle pour fondre cette nouvelle urbanisation à celle des bourgs et hameaux anciens. Elle passe par l’aspect de la maison, le choix des couleurs mais aussi par l’aménagement des espaces extérieurs...