Panorama de Saint-Séverin-d’Estissac

Le bourg de Saint-Séverin-d’Estissac est situé sur un plateau surplombant des vallées étroites et encaissées. Sur la boucle de la promenade du Bost, le panorama s’ouvre légèrement sur ce paysage boisé.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Le panorama est composé essentiellement de bois denses et sombres, prémisses des paysages du Landais. Comme la plupart des implantations humaines dans ce secteur de la Dordogne, les habitations du bourg de Saint-Séverin-d’Estissac se sont installées en hauteur à 173m d’altitude, regroupées dans une petite clairière. Comme une touche de lumière dans ce tableau de paysage boisé, les clairières sont composées par les bâtisses aux couleurs ocres et par les prairies verdoyantes. En effet, peu de cultures céréalières sont produites sur ces hauteurs. Mais quelques indices dans le paysage nous indiquent que se ne fût pas toujours le cas car on remarque la présence d’un ancien séchoir à tabac, indiquant la culture dans la vallée. Aujourd’hui, le séchoir est devenu un espace de stockage auquel se sont ajouté des bâtiments agricoles du milieu des années 90 destinés à l’élevage de volailles.
Des pavillons de la même époque se sont installés en prolongement du bourg. Leur construction reste minime dans ce paysage et le bourg a conservé sa taille très modeste. On observe cependant un contraste architecturale entre l’habitat traditionnel et l’habitat récent : couleurs des façades et de la toiture, volumes, rythmes des ouvertures sur les façades ont évolué et modifié la silhouette du bourg. La chapelle est à l’écart de ce cœur du bourg, au bord du plateau, dominant la petite vallée en contrebas où coule un ruisseau rejoignant la Crempsoulie plus à l’Ouest.
L’arbre est déjà bien présent dans ce bourg. Arbres maîtres, mais aussi vergers créent une transition douce vers les massifs boisés en arrière plan. L’essentiel des peuplements est composé de futaie de conifères ou d’un mélange taillis sous futaie de conifères. Le pin maritime a largement été planté en remplacement d’une ancienne forêt de châtaigniers et de chênes. Son développement beaucoup plus rapide et ses nombreux débouchés en ont fait l’essence dominante lors des replantations. Le sous-sol explique ce paysage forestier. En effet, sables, graviers et galets liés par de l’argile constituent le sol des coteaux et des plateaux de ce territoire. Ces dépôts fluviatiles du Tertiaire ont créé une terre pauvre, sèche et au pH acide. La forêt valorise ainsi ces terres difficilement cultivables.

  Le paysage d’hier

Saint-Séverin-d’Estissac Les bois dominent déjà le paysage de cette partie de la Dordogne. Les vallées sont toutefois plus largement ouvertes car cultivées en céréales. Un moulin à eau est présent sur le ruisseau de la Crempsoulie.

La forêt a toujours été un élément dominant du paysage de Saint-Séverin-d’Estissac. Au XVIIIe siècle, les hauteurs sont déjà occupées par les bois mais se sont d’autres essences que celles d’aujourd’hui qui y poussent. En effet, le châtaignier et les terrains en friches étaient présents sur tous les plateaux au Nord du bourg tandis qu’au Sud du bourg, se développait un mélange de feuillus. Le sol était peu propice à la culture, hormis au niveau de la vallée. Le maire de Saint-Séverin-d’Estissac a écrit lors de l’enquête de Cyprien Brard de 1835 : « Le sol est aride et de mauvaise qualité. » On cultive toutefois du froment, du maïs, du seigle ou des pommes de terre dans le fond de vallée mais le rendement n’était pas suffisant et la commune devait importer des denrées pour subvenir aux besoins des habitants. Les brebis sont élevées et permettent de valoriser les prairies pauvres et les friches.
Le bois était une source de revenu. Pas de bonne qualité pour être utilisé pour la charpente, il était transformé en charbon et exporté notamment pour les habitants de la vallée de l’Isle. Les châtaigniers permettaient également de récolter les fruits, base de la nourriture paysanne.
Au XIXe siècle, la commune comptait à cette époque 170 agriculteurs, soit autant d’âmes vivantes dans la commune. Aujourd’hui, il n’y a que deux exploitations agricoles.

  L’évolution des paysages

Le bourg est resté de taille modeste. Le nombre de nouvelles habitations a peu augmenté. En 1835, la commune comptait 175 habitants. La population a baissé jusqu’en 1999 pour atteindre 51 habitants. Puis au XXIe siècle, de nouvelles constructions apparaissent et des restaurations sont réalisées permettant à la commune d’atteindre une centaine d’habitant. Cependant, les nouvelles implantations se sont essentiellement concentrées au niveau du hameau « Le Négre » au Nord-Ouest du Bourg. Ce hameau a l’avantage d’être plus proche des deux grandes villes Neuvic et Mussidan, bassins d’emploi du secteur et de donner une vue plus dégagée vers le paysage environnant. Cependant, il n’y a pas d’espace public et le risque est de faire du hameau un véritable dortoir où le cloisonnement des habitants s’installe. L’accueil de nouvelle population doit se faire en parallèle avec l’aménagement d’espace public pour offrir des espaces de partage entre les habitants.
De feuillus, la forêt de Saint-Séverin-d’Estissac est passée à une futaie de résineux. Le pin maritime est l’essence majoritairement planté dans les parcelles exploitées en raison de sa rapidité d’exploitabilité. On observe donc le phénomène d’enrésinement de la forêt. Le changement d’un peuplement et donc d’un nouvel habitat a pour effet de modifier la faune du site et parfois d’appauvrir sa diversité.

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