Panorama de Montagrier

Nous sommes situés dans le Périgord Vert, un cadre de vie diversifié et agréable pour les habitants. Ce belvédère est implanté sur le rebord du coteau nord de la vallée de la Dronne sur la commune de Montagrier.

Rédaction et iconographie CAUE 24

Panorama de Montagrier

  Lecture de paysages

Posté depuis le cimetière de Montagrier, notre vision porte jusqu’à 6km vers le Sud et embrasse les communes de L’Isle, Mensignac, Tocane-Saint-Apre, Saint-Aquilin, Segonzac, Saint-Pardoux-de-Dronne et Douchapt. Les châteaux d’eau nous aident à nous repérer dans ce large panorama. Nous sommes dans un paysage de vallée agricole, celui de la Dronne. La ligne de crête, au plus loin de ce que nos yeux peuvent discerner, marque la rupture géographique entre la vallée de la Dronne et celle du Salembre, affluent de l’Isle.
Le paysage est légèrement vallonné avec des points hauts jusqu’à 233m d’altitude et des points bas à 79m d’altitude, façonné par les nombreux cours d’eau qui ont creusé la roche calcaire tendre au fil du temps. Ces affluents alimentent la Dronne mais ils sont peu perceptibles en raison d’une forte présence de la végétation. Les bois, en majorité sur les terrains en pente, composent une grande part du panorama. Sur les hauteurs, les sols sont plus secs et plus ou moins profonds en fonction de la présence de la roche mère sous-jacente, expliquant la prépondérance de la forêt. Les cultures maintiennent les paysages ouverts sur les terrains les plus plats et les plus fertiles. Le fond de vallée au sol riche et humide plaît au maïs et pour les terres soumises aux inondations, on trouve des prairies humides. L’importance de la culture céréalière dans le secteur du Ribéracois est indiquée par la présence du silo à grain de Mensignac. Vaches à viande broutant dans les prairies, rateliers et stabulations témoignent de la présence de l’élevage. Les hameaux agricoles se sont développés et ont accueilli de nouveaux bâtiments agricoles adaptés au mode de production actuelle : silo à grains, stabulations ou hangar de stockage du fourrage.
L’homme s’est de préférence installé sur les points hauts. Mensignac, Ségonzac, Saint-Pardoux-de-Dronne et Montagrier en sont des exemples. Tocane est visible sur le versant Sud, son église marque le centre du bourg. A l’Ouest, la ville s’est étendue au XXe et XXIe siècle, le long de la D710. Le tissu urbain plus lâche et les bâtiments aux grands volumes révélent l’installation d’entreprises, d’artisans, d’une déchetterie, etc. Certains hameaux se sont également étendus avec l’arrivée de quelques pavillons notamment sur les terrains profitant d’une vue dégagée sur la vallée. Des constructions sont également présentes dans la vallée, tels les anciens moulins à eau.

  Le paysage d’hier

Carte postale ancienne de Montagrier, SHAP, Société Historique de l’Architecture en Périgord
Carte postale ancienne de Montagrier, SHAP, Société Historique de l’Architecture en Périgord

Montagrier : Les cartes postales du début du XXe siècle montrent des parcelles principalement cultivées. La forêt était peu présente, seules quelques haies ou arbres isolés ponctuaient ce paysage très ouvert.

La rivière de la Dronne n’est pas visible sur le panorama, seule la bande boisée qui l’accompagne, appelée ripisylve, permet de la deviner. Cependant, elle s’épaissit à certains endroits par des haies striant les prairies du fond de vallée. Ces quelques reliquats de haie bocagère sont les traces d’un grand ensemble maillant autrefois le fond de vallée de la Dronne. Elles marquaient les limites parcellaires en lanière vers la rivière. Leur présence permettait également d’assécher et de tenir la terre de ces prairies humides. Les feuillages des arbres servaient également de fourrage pour les animaux. Progressivement, la mécanisation des travaux agricoles a entrainé une modification du paysage par l’agrandissement parcellaire, pour s’adapter aux nouveaux modes de culture. Tandis que les haies maillaient le fond de vallée, les plateaux étaient ponctués d’arbres isolés dans les champs.
Les parcelles plus petites et en lanière découpaient le territoire. Diversité des couleurs, rotations des cultures, présence de la vigne sur les coteaux...le panorama était totalement différent il y a quelques siècles.
Les châteaux aujourd’hui dissimulés dans la végétation, avaient autrefois une vue totalement dégagée sur la campagne. Les moulins, eux, jalonnaient la rivière de la Dronne pratiquement tous les kilomètres.

  L’évolution des paysages

Le paysage de Montagrier s’est profondément transformé en 100 ans ; il est passé d’un paysage ouvert et cultivé à un paysage fermé par les boisements. La diminution des agriculteurs est une des causes de l’emboisement du territoire. L’évolution des productions et de leur mode de culture ont eu pour conséquence de concentrer les parcelles cultivées sur les terres fertiles et planes, les pentes et les sols pauvres sont laissés au bois. L’absence de gestion sylvicole a amplifié l’emboisement. Ce paysage très agricole dépend donc de la pérennité des exploitations agricoles. En poursuivant la tendance actuelle, la vue depuis Montagrier dans 100 ans montrera peut être un paysage totalement boisé.
Les anciennes haies bocagères ne sont pas que des limites parcellaires, elles servent également au passage de la faune. Ces espaces de connexions entre des milieux habités par les animaux sont appelés corridors écologiques. Dans les terres agricoles au parcellaire étendu, le lien entre les habitats tend à disparaître. Pourtant les haies bocagères sont utiles pour les animaux comme pour l’homme : lieux de passage et d’habitat pour la faune pouvant être des auxiliaires de culture, effet brise-vent sur les cultures, protection et fertilisation des sols et bien d’autres vertus.

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