Panorama de Castelnaud-la-Chapelle

Depuis la croix de la mission, au dessus du château de Castelnaud, le panorama s’ouvre vers les communes de Beynac-et-Cazenac, Vézac et Cénac-et-Saint-Julien. La Dordogne sinue dans ce paysage remarquable.

Rédaction et iconographie CAUE 24

  Lecture de paysages

Situés sur une falaise calcaire abrupte, à 200m d’altitude, nous surplombons la vallée de la Dordogne et ses cingles. La rivière serpente dans son lit créant des méandres à la terre riche. Au premier plan, ce sont les terres cultivées qui dominent. Proche de l’eau, sur des terres alluvionnaires sableuses, riches et fraîches, le rendement des cultures est bon. Maïs, tabac, colza, tournesol, soja, orge, tritical ou encore légumes se partagent ces parcelles disposées perpendiculairement à la rivière. Ce découpage parcellaire en longueur vers la rivière s’explique par la préoccupation des agriculteurs à bien drainer leurs terres. Ainsi le surplus d’eau s’écoule par les fossés de long des parcelles et se jette dans la rivière et évitant ainsi des zones marécageuses. Le noyer est également planté dans le méandre, intégré dans l’aire AOP noix du Périgord. Arbre présent depuis plusieurs siècles dans nos paysages périgourdins, la culture est aujourd’hui plus intensive qu’autrefois avec ces plantations sous forme de verger. Pour une bonne récolte de la noix, cet arbre a besoin d’un sol au pH neutre, profond, aéré, ni trop filtrant, ni trop asphyxiant. La vallée du Céou, sur notre droite, rejoint la Dordogne au niveau du village de Castelnaud. Le fond de vallée, plus étroit, est cadré par les deux versants boisés. Quelques clairières viennent ouvrir cet océan de forêt où l’on trouve prairies et petits hameaux. La douceur des méandres de la Dordogne se termine par les hautes falaises calcaires où démarrent les boisements en arrière plan. Sur ces promontoires rocheux se sont installés bon nombre de villages et de châteaux renommés : Castelnaud, Marqueyssac, la Roque-Gageac ou encore Beynac jalonnent le parcours de la rivière. Aujourd’hui ces édifices sont largement visités par les touristes. Pour compléter cette offre touristique, des campings, des restaurants, des commerces ou d’autres sites de découvertes se sont développés, dont certains sont visibles depuis notre panorama. L’attrait de ce site a occasionné l’arrivée de nouvelles constructions à partir des années 80. S’égrainant le long des routes, les maisons profitent d’une vue privilégiée sur les falaises et les châteaux de la Dordogne.
La particularité patrimoniale et paysagère de ce territoire a défini la création de nombreuses protections architecturales et paysagères (sites inscrits, Secteur Patrimoniaux Remarquables ou encore de site Natura 2000) qui veille sur la singularité des paysages.

  Le paysage d’hier

Carte postale ancienne de la vallée du Céou, Société Historique de l’Architecture en Périgord, SHAP
Carte postale ancienne de Castelnaud-la-Chapelle, Société Historique de l’Architecture du Périgord, SHAP

Castelnaud-la-Chapelle : Ces cartes postales du début du XXe siècle montre un paysage ouvert où les boisements sur les falaises calcaires sont encore maîtrisés par le pâturage.

Le paysage du XVIIIe siècle est tout autre de celui d’aujourd’hui. La carte de Belleyme nous montre un paysage ouvert dominé par la vigne et les cultures ; froment, seigle et blé d’espagne se partagent le parcellaire. Sur la rive droite de la Dordogne, les bois sont représentés sur les hauteurs. Quelques routes traversent le territoire reliant les villages et les berges de la rivière. Sans pont, les routes s’arrêtent en bord de rive, reliées entre elles par un bac. L’isolement du territoire par ce manque de route est relaté par les maires de Castelnaud-la-Chapelle dans l’enquête de Cyprien Brard de 1835. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le territoire s’ouvre pleinement grâce à la construction du pont de Castelnaud de 1877 à 1881 et à l’arrivée du chemin de fer en 1882. Ce nouveau moyen de transport permet aux marchandises d’être exportées et aux explorateurs de découvrir les curiosités de ce paysage. Les congès payés dans les années 40 ont permis aux touristes de venir découvrir cette portion du Périgord Noir. Cet entousiasme a engendré la naissance de multiples activités touristiques mais aussi l’apparition de nouvelles constructions dans la vallée ou sur les hauteurs, profitant ainsi de la vue sur les châteaux. L’économie essentiellement agricole autrefois a évolué vers une économie plutôt touristique.

  L’évolution des paysages

Les coteaux calcaires étaient, jusqu’à la première Guerre Mondiale et l’arrivée des premiers tracteurs, entretenus par le pâturage des moutons. Les falaises étaient donc visibles, dépourvues d’arbres. A Cénac-et-Saint-Julien, l’enquête de Cyprien Brard compte 979 moutons dans la commune ! Aujourd’hui ces espaces pentus, au sol maigre et sec ne sont plus assez rentables. Le nombre d’agriculteurs diminuant, leur travail mécanisé se localise sur les meilleures terres . C’est ainsi que les paysages évoluent vers une différenciation entre les paysages du méandre et ceux des hauteurs, totalement boisées. Le manque d’agriculteur et la mécanisation agricole ont modifié les paysages de la vallée de la Dordogne.
Dans la vallée, les vergers de noyers sont plantés et ce depuis le XIXe siècle. Les méandres de la Dordogne tendent vers l’arboriculture en remplacement des cultures.
Le secteur est protégé par de multiples zonages (Site inscrit, Secteur Patrimonial Remarquable, Monuments inscrits ou classés...). Pour maintenir la qualité des paysages de ces vallées, l’Architecte des Bâtiments de France a pour rôle de donner un avis sur toutes les nouvelles constructions. Elles doivent s’insérer discrètement dans ce paysage si singulier.

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