Les enjeux paysagers liés à l’eau

L’eau a été depuis longtemps aménagée car indispensable aux activités humaines : aménagement de ports, creusement de canaux, création d’étangs, drainage et assainissement des terres marécageuses (Double et Landais)… Puis l’eau a un temps été délaissée, avec le déclin du transport fluvial les abords des rivières n’ont plus été entretenus et les accès à l’eau ont été privatisés. Mais aujourd’hui la présence de l’eau est de nouveau vécue comme un atout : pour le cadre de vie des habitants, pour les activités de loisir et de tourisme qui lui sont associées ou pour les milieux naturels. Mettre en valeur la présence de l’eau dans le paysage relève de nouveau d’une logique de valorisation du territoire.

  Favoriser et révéler la présence de l’eau

La perception de l’eau commence tout d’abord par celle de son cadre géographique qui en forme l’écrin : la vallée ou le vallon. La lisibilité du relief (crête, point basculement, coteau, falaise, fond de vallée) constitue un fort enjeu en termes de paysage. Les couloirs des vallées orientent et fédèrent les vues, ils en constituent le cadre qui est mis en valeur par les situations en belvédère, et les coteaux qui forment des repères. Il est important de favoriser la perception de la présence des vallons par une gestion de la végétation des coteaux et en évitant la fermeture des fonds de vallons. La présence de l’eau n’est pas toujours visible de prime abord alors qu’elle constitue un élément d’attraction qui participe grandement à la qualité et au charme des paysages de la Dordogne. Toute action permettant de la côtoyer et de la rendre visible est bienvenue. Il est important de favoriser les accès publics à l’eau, de mettre en valeur les ouvrages et leurs abords (pont, port, quai, écluse, canal…) ainsi que le bâti ou le petit patrimoine qui y est lié (moulin, lavoir, puits, source, fontaine…). De manière plus transversale, il est intéressant également de mettre les rivières principales au centre d’une partie des projets de ce territoire, comme un fil conducteur. De nombreux sites à mettre en valeur, spectaculaires ou non, émaillent les vallées, constituant ainsi des ambassadeurs pour affirmer l’atout de la présence de l’eau.

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur des points de vue sur la vallée depuis les coteaux. Ouvrir des vues sur la vallée et les rivières depuis les routes.
- Donner accès aux cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins sur les berges. Regagner les emprises publiques oubliées le long de l’eau pour créer des chemins.
- Rendre visibles les cours d’eau. Mettre en scène les perspectives sur la rivière.
- Valoriser les situations particulières ou les lieux remarquables composants avec la rivière : falaise, méandre, surplomb, ouvrage...
- Maîtriser l’urbanisation des lieux sensibles en belvédère.
- Aménager les belvédères sur la vallée et la rivière.
- Rendre perceptibles les confluences (ouverture, passage du ruisseau, maitrise de l’urbanisation et de la végétation…).
- Gérer la végétation pour voir l’eau, notamment aux abords des ponts, des routes et des villages.
- Moduler ou retrouver les ripisylves. Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau, mais sans la masquer.
- Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles : confluences, proximité des bourgs et des ponts.
- Pérenniser l’ouverture des fonds de vallée. Refaire communiquer les ouvertures successives des fonds, maintenir des perspectives.
- Mettre en valeur le patrimoine lié à l’eau : chute d’eau, anciens ports, canaux, quais, ponts aux architectures remarquables.
- Aménager les espaces publics attractifs le long de la Dordogne et la Vézère.
- Utiliser l’eau comme vecteur de visite (circuits, navigation).
- Connecter les ouvrages à leur environnement : accès piéton, liaison avec les berges… Créer des accès de qualité à proximité des ouvrages. Veiller à la qualité des ouvrages contemporains.
- Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Bleue/Trame Verte.




  Composer l’urbanisation avec l’eau

L’histoire des villes, des bourgs et des villages souligne souvent une origine liée à l’eau (eau potable, force hydraulique, voie de transport) ou encore à la géographie de la vallée (éperon, point de passage). Mais les relations des habitants des bourgs et des villages avec l’eau ont considérablement évolué au fil du temps. La présence de l’eau, condition sinéquanone de l’implantation des constructions à l’origine, a vu son image et son usage radicalement changer. La généralisation des adductions d’eau a fait perdre ce lien. L’urbanisation s’est affranchie de sa localisation, lui tournant parfois le dos et l’ignorant. Pourtant la présence de l’eau, encore plus prisée avec l’évolution du climat, reste un atout incontestable. Le passage de l’eau permet de fédérer des projets pour mettre en valeur des lieux. Même si le rapport à l’eau n’est pas « spectaculaire » ou que le village ou la ville s’est établi un peu à l’écart des crues, maintenir ou créer des liens avec cet élément naturel a toujours une belle retombée pour les habitants et les visiteurs. Les éléments du patrimoine liés à l’eau méritent d’être préservés et mis en valeur dans la composition de la ville et de ses espaces publics à travers les lavoirs, les canaux, les ports, les rigoles…. L’objectif est de conserver leur charme sans les banaliser ou créer des pastiches. Ils participent chacun à leur manière à animer la qualité des lieux.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Révéler le lien historique du bourg ou de la ville avec le cours d’eau.
- Clarifier la lisibilité du site urbain d’origine : fond de vallée, pied de coteau, confluence, verrou… Eviter les développements urbains venant anéantir la perception du site d’origine de la ville.
- Tisser des liens entre les villages et la rivière.
- Mettre en scène les façades urbaines ou les bords des villages sur la rivière.
- Orienter et recomposer l’urbanisation pour la retourner vers la rivière.
- Gérer la végétation pour mieux voir l’eau et les fronts bâtis.
- Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau. Favoriser l’accès à l’eau.
- Mettre en valeur le cours d’eau comme un élément fédérateur dans la traversée du bourg.
- Utiliser l’eau comme un lien entre les quartiers dans les villes importantes (voies piétonnes et cyclables).
- Aménager des espaces publics le long des cours d’eau : quai, allée, escalier, esplanade, rue…
- Soigner les limites des parcelles privées en contact avec les cours d’eau.
- Préserver les éléments patrimoniaux liés à l’eau, mais aussi leurs abords. Entretenir le patrimoine hydraulique et les petits ouvrages d’art.
- Conserver un vocabulaire d’aménagement simple et de qualité à l’échelle du site tout au long du cours d’eau : matériaux des parapets, margelles, signalétique, escaliers, ponceau, plantations, mails…
- Améliorer la qualité paysagère les équipements plus récents en bord de rivière (station d’épuration, vannes, ouvrages hydrauliques au pied des ponts, barrage…) dont la qualité n’est que rarement à la hauteur du patrimoine hydraulique hérité.




  Bibliographie paysage et eau

Plaquette

- Végétation des berges et ripisylve

Ouvrage

- Rivières et paysages. La Martinière 2003, Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser.

Voir aussi