Les enjeux paysagers liés à la route et au chemin

Dans le paysage vallonné de la Dordogne, les routes ondulent et sinuent, alternant découverte de proximité dans les fonds et vues plus profondes depuis les routes en balcon. La route traverse les bourgs, passe par des points hauts ou longe une vallée. Quelques voies offrent par endroits de larges vues panoramiques sur les paysages du département. Le paysage perçu depuis la route constitue la première impression du territoire et l’image du département en dépend. C’est aussi l’un des principaux paysages quotidiens pour les habitants. Le soin apporté à l’aménagement et à la gestion des voies et de leurs abords est donc très important.

  Mettre en valeur les itinéraires et le paysage qui les borde

Les routes sont le premier vecteur de découverte de ce territoire et ceci à toutes les échelles. Les grands axes drainent la majeure partie du trafic de transit mais aussi les déplacements de bon nombre d’habitants en desserte locale. Les nombreuses voies secondaires constituent autant d’itinéraires quotidiens qui permettent de fréquenter le territoire intimement, souvent plébiscités par les touristes. Les nombreux évènements rencontrés, au fil des parcours, méritent d’être valorisés afin de révéler les particularités du paysage traversé (situation en belvédère, traversée d’une rivière, vue vers un village, basculement dans une vallée, entrée dans une clairière…). Les accès aux plus grandes villes, ainsi que leur contournement, donnent à voir l’étalement péri-urbain et mériteraient une composition plus qualitative avec par des transitions, des alignements d’arbres, des aménagements des carrefours... L’effet vitrine, à travers les routes, constitue donc un enjeu fondamental pour l’image du département de la Dordogne. La mise en valeur des paysages vus depuis ces routes, la façon dont la route s’inscrit dans la topographie et dont ses abords sont aménagés et gérés, sont autant de points de vigilance à prendre en compte. Mettre en scène les parcours impliquerait des intentions et un projet de paysage global conséquent, voire une charte d’itinéraire en fonction des objectifs retenus.

Pistes d’actions envisageables :
- Soigner le paysage perçu depuis les axes. Accompagner la route d’actions paysagères à l’échelle de l’ensemble du tracé. Mettre en place des chartes d’itinéraires.
- Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
- Révéler les points forts du paysage, ouvrir des vues. Etre particulièrement vigilent sur la gestion de la végétation des abords des routes, dans le contexte de fermeture paysagère du département.
- Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
- Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Privilégier un aménagement de la périphérie plutôt que de la galette centrale des giratoires.
- Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, point de vue, point de basculement).
- Diversifier et modeler les lisières forestières.
- Mettre en scène les itinéraires en fonction des séquences paysagères. Raisonner les emprises et les modelés en fonction du paysage traversé. Limiter les remblais-déblais qui déconnectent la voie des paysages qu’elle traverse. Veiller à la qualité des talus ou des murs de soutènement. Adapter les choix de plantations à l’identité des paysages traversés. Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
- Maîtriser les implantations bâties limitrophes de l’axe.




  Affirmer la qualité des entrées et des traversées de bourg

Après une découverte de la silhouette urbaine, l’entrée constitue une séquence plus ou moins longue permettant de passer du rural à l’urbain. Les nouveaux quartiers en périphérie constituent depuis les routes d’entrée du bourg, les premières perceptions du centre urbain à venir. L’aménagement de la voie et de ses abords peut permettre de redonner une unité au tissu urbain parfois disparate des périphéries. Pour les entrées, il est important de signifier un seuil ou une transition (resserrement de la voie, alignement d’arbres, contre-allée…) qui affirme la transition entre la route de campagne et la rue du bourg. A sa suite, la traversée peut se transformer suivant les cas en boulevard ou en rue, permettant ainsi un cadre de vie pacifié adapté aux lieux. L’emprise de la chaussée doit se faire plus discrète pour redonner une importance aux places, aux espaces piétons, aux mails, aux allées… Une traversée aménagée permet de structurer l’espace public et de donner ainsi une certaine unité aux lieux.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours ou des échangeurs.
- Créer les premiers plans le long de la voie de contournement pour former une transition : plantation d’arbres par exemple.
- Mettre en valeur les vues au fur et à mesure de l’approche du bourg. Mettre en scène le clocher ou le bâti en ligne de mire.
- Créer un événement marquant l’entrée, mettre en valeur un élément repère : pont, moulin, rivière, cimetière, alignement d’arbres…
- Composer ou recomposer l’urbanisation en périphérie du bourg en tenant compte de la voie d’entrée.
- Conserver ou préempter des emprises publiques le long des voies pour aménager l’entrée. Requalifier les pénétrantes en rue ou en boulevard.
- Aménager les abords de la voie pour redonner une unité à une urbanisation parfois disparate.
- Maîtriser les implantations bâties limitrophes de la voie d’entrée (recul, front urbain). Eviter l’urbanisation linéaire ou le mitage qui forment trop souvent le premier contact avec le bourg.
- Donner une unité aux zones d’activités. Mutualiser et planter les parkings des zones commerciales.
- Marquer la transition route-rue : réduire la largeur de la chaussée, aménager les bas-côtés.
- Hiérarchiser les espaces publics le long de la traversée.
- Penser aux arbres dans l’aménagement des traversées : arbre isolé ou mail sur une place, alignements d’arbres le long des voies…
- Valoriser tous les événements (croisement, circulation douce, passage de l’eau) rencontrés par la voie principale traversant le bourg.
- Privilégier une continuité des aménagements pour conserver l’ambiance des traversées.




  Conforter et valoriser le réseau de chemins et voies vertes

En complément des routes, fréquenter les paysages du département de la Dordogne prend une toute autre tonalité avec les chemins et les itinéraires « doux ». Ces derniers constituent l’espace public rural ou périurbain. Les potentialités sont ici importantes. Cela permet de côtoyer des paysages sous un autre angle et dans un rapport d’intériorité, à son rythme. Certains secteurs aux vues limitées, ignorés par beaucoup, offrent ainsi un visage plus intime. D’autres endroits peuvent ainsi être magnifiés par l’accès à un panorama. Les chemins sont des révélateurs. Et ceci à plusieurs échelles. Il y a bien sur la mise en place d’axes verts (pédestre, cyclable, équestre) sur de longs linéaires comme c’est le cas le long de la Dordogne dans sa partie amont, ou bien par les GR au long cours, dont les développements sont à conforter ou initier. Dans un contexte plus localisé mais non moins important, les chemins permettent aux habitants (village, bourg, agglomération) de se déplacer autrement qu’en voiture. Les développements urbains ont par le passé souvent oublié cet élément qui aujourd’hui redevient un atout incontournable pour avoir un cadre de vie de qualité. A chaque fois l’enjeu est aussi de bénéficier de la dynamique du cheminement pour mettre en valeur des lieux singuliers autour des petits évènements qui jalonnent les parcours : franchissement de cours d’eau, abords du patrimoine bâti, vues diverses, situation en belvédère…

Pistes d’actions envisageables :
- Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage : belvédère, bord de rivière. Ouvrir des vues. Tenir compte des particularités du site et des éléments du paysage à révéler.
- Préserver un maillage de chemins autour des villages ou des bourgs, et relié au centre. Retrouver des chemins de promenade quotidiens.
- Aménager de grands axes verts. Relier les voies vertes au reste du territoire. Coordonner ces voies dans une logique de réseau.
- Créer des départs de chemins bien identifiables. Prévoir des accès et des stationnements pour donner accès aux chemins de randonnée. Continuer de mettre au point des itinéraires de randonnées. Rétablir des continuités aujourd’hui encore absentes.
- Conserver et valoriser les chemins dans les réaménagements fonciers. Eviter la desserte agricole en cul de sac. Conserver une maîtrise foncière publique des chemins.
- Créer ou mettre en valeur des événements simples le long des parcours : vue, arbre isolé majestueux, accès à l’eau…
- Aménager la périphérie urbaine en prenant en compte les circulations douces. Relier la ville à sa périphérie. Aménager des circulations sécurisées et de qualité sur les emprises publiques. Utiliser la préemption pour constituer des itinéraires cohérents.




  Bibliographie paysage, route et chemin

Plaquette

- Les alignements d’arbres. DGUHC,2006

Ouvrage et étude

- Les arbres de bord de route et la sécurité routière, 2014
- Paysage et lisibilité de la route - Eléments de réflexion pour une démarche associant la sécurité routière et le paysage. SETRA, 2006
- Les plantations d’alignement le long des routes, chemins, canaux, allées. IDF, 1988

Voir aussi