Les zones humides

Le Département de la Dordogne dispose d’une mosaïque de zones humides qui contribuent à la richesse de ses paysages. De la vallée de l’Isle avec ces forêts alluviales d’aulnes, de frênes et de saules aux landes humides de la Double, en passant par les prairies humides et roselières de la vallée des Beunes jusqu’aux tourbières de Vendoire et aux bocages du nord Périgord, ces écosystèmes précieux et fragiles sont partie prenante de notre patrimoine naturel et méritent pour multiples raisons d’être préservés.

  Qu’est-ce qu’une zone humide ?

Une zone humide est un terrain qui est régulièrement inondé ou gorgé d’eau. La présence d’eau peut être permanente ou seulement temporaire. Ce sont des secteurs où l’eau peut s’accumuler, stagner et où certains processus biologiques ont le temps de se mettre en place.
La dénomination « zones humides » recouvre par conséquent une grande variété de milieux : prairies humides, tourbières, mégaphorbiaies, landes humides, annexes alluviales des cours d’eau, marais d’eau douce, mares et petits étangs peu profonds, mais aussi terrains exploités ou cultivés en agriculture ou sylvicultures.
Il est à noter que les peupleraies constituent des zones humides dégradées (homogénéisation des habitats d’où une perte de biodiversité, captation de l’eau par les arbres, fermeture du paysage...).

  Comment définir une zone humide ?

Une zone humide peut être révélée soit par la végétation hygrophile qu’elle héberge une partie de l’année au moins (notamment pour les terres non cultivées) soit par la pédologie (les réactions chimiques d’oxydation et de réduction liées à la présence d’eau induisent des traces noires ou rouges visibles lors de sondages pédologiques).

  Le rôle précieux des zones humides

Les zones humides assurent multiples fonctions :

  • des fonctions de régulation hydrologique : telles de véritables éponges naturelles, elles stockent l’eau en période de crue ce qui peut limiter les inondations et restituent de l’eau en période de basses eaux (période d’étiage en été et à l’automne).
  • des fonctions physiques et bio-géochimiques : elles jouent un rôle d’épuration de polluants (réduction des pollutions carbonées et azotées, dégradation des produits phytosanitaires et métaux lourds,…) et de filtre (avec la captation de matières en suspension) ;
  • des fonctions environnementales : ces interfaces entre terre et eau sont des réservoirs de biodiversité remarquables offrant aux espèces végétales et animales des lieux de vie, d’alimentation et de reproduction ;ü des fonctions économiques : productions de bois d’œuvre ou de litière et productions de roseaux. Les zones humides sont aussi des espaces pouvant être gérés par du pâturage extensif, ce qui évite aux milieux de se refermer ; enfin, elles sont de plus en plus valorisées sur le plan touristique.
  • des fonctions sociétales en contribuant à l’amélioration du cadre de vie et à la sensibilisation à l’environnement : promenades et observation de la nature.

Par conséquent, les zones humides aident à réduire les effets des changements climatiques, à limiter les pollutions et constituent avec les cours d’eau des corridors écologiques majeurs.
Chaque commune du Département de la Dordogne dispose de zones humides qu’il est primordial de préserver. Mais, pour être à la hauteur des enjeux, la restauration des zones humides qui ont pu être dégradées par l’urbanisation et l’agriculture intensive doit être mise en œuvre .

  Quelques sites emblématiques du département :

  • La Double :

    Les zones humides de ce secteur sont très caractéristiques. Elles se composent essentiellement de landes humides avec des prairies à molinies et des mégaphorbiaies, des chênaies et de la forêt alluviale à aulnes glutineux et frênes.
    Ce complexe d’habitats constitue des niches écologiques pour de nombreuses espèces floristiques et faunistiques ainsi que des corridors de déplacements pour certaines. Ainsi des espèces emblématiques sont présentes comme la loutre et le vison d’Europe, la cistude d’Europe, l’écrevisses à pattes blanches et le fadet des Laiches.

  • Vallée de l’Isle :

Elle abrite des prairies alluviales et inondables, des forêts alluviales de chênes, d’ormes, d’aulnes, de frênes et de saules ainsi que des grèves alluviales.
La vallée de l’Isle constitue aussi un axe de colonisation et de reproduction des Cigognes blanches qui y trouvent une nourriture en abondance dans les prairies et boisements humides. D’une façon générale cette vallée est un axe migratoire majeur pour les oiseaux migrateurs qui y trouvent des lieux pour se reposer et se nourrir. Ici aussi, la cistude d’Europe, la loutre et le vison d’Europe sont hébergés, de même que 8 insectes remarquables : la cordulie splendide et à corps fin, l’agrion de mercure, le gomphe de graslin, le cuivré des marais, le damier de la sucisse, le lucane cerf-volant et le grand capricorne.

  • Vallée des Beunes :

    Nichée entre la Grande et la Petite Beune, s’étendent des prairies alluviales, des mégaphorbiaies, les plus importantes roselières de Dordogne et des bas marais alcalins (fenasse).
    Là encore la richesse faunistique et floristique est remarquable. On y rencontre de nombreuses espèces de libellules, d’orchidées (orchis élevé) et d’oiseaux inféodés aux zones humides rencontrés (Bouscarle de Cetti, Râle d’eau ou bien encore le Butor étoilé). Ce cadre est rendu intimiste avec les falaises calcaires qui encadrent ces zones humides.

  • Tourbières de Vendoire :

    Il s’agit d’une des rares tourbières basiques de la région.
    Cette tourbière revêt un intérêt international pour l’accueil des papillons avec plus de 100 espèces présentes dont deux protégées au niveau européen : le Fadet des laîches et l’Azuré de la sanguisorbe. Les tourbières de Vendoire sont littéralement nichées au sein de la vallée de la Lizonne, vallée ponctuées de petites tourbières et de zones humides très riches, elle est classée en Natura 2000.

  • Les zones humides de têtes de bassins versants du nord de la Dordogne ;

    La Haute-Dronne, la Doue, l’Auvézère, la Haute-Loue sont autant de cours d’eau avec des espaces connexes humides de tailles réduites mais denses.
    Sur le socle cristallin, les sols constitués de roches détritiques se gorgent d’eau lors des pluies et restituent progressivement l’eau aux ruisseaux.

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