Les forges du Périgord Limousin

  Du « Périgord-fer » au « Périgord Vert »

Il est difficile d’imaginer aujourd’hui que le Périgord Limousin fut un des berceaux de la sidérurgie en France. L’exploitation depuis le Moyen Âge de minerai de fer présent dans les calcaires de la région de Thiviers repose sur des techniques anciennes, associant des hauts-fourneaux au bois produisant la fonte à des feux de forges produisant le fer. À part quatre ou cinq grosses usines, plusieurs dizaines d’unités, petites ou moyennes, employant chacune au plus quelques dizaines d’ouvriers, sous la coupe d’un maître de forge, sont installées tout au long de nombreux cours d’eau, entre l’Isle et la Charente. Pendant plus de deux siècles (fin XVIIe, XVIIIe et jusqu’à la fin du XIXe) l’activité économique de la région se basait essentiellement sur ses 140 forges, (dont plus d’une centaine œuvrant simultanément) et l’activité agricole traditionnelle. Ces forges fabriquaient de la fonte de fer, des fers de différentes qualités, de l’acier, des objets en fonte tels que marmites, plaques de cheminée… Certaines d’entre elles, installées dans les vallées du Bandiat et de la Tardoire (Etouars, Javerlhac, Forge-Neuve, La Chapelle, Jomelière, Ruelle ...), ont fait leur réputation en fabriquant des canons de marine pour l’arsenal de Rochefort.

Les forges du Périgord Limousin (1780-1810)
Source : Grand Atlas de l’histoire de France - 2011 Ed. Autrement

Les forges s’installent au plus près de ressources naturelles utilisées (minerai de fer : la mine ; charbon de bois ; cours d’eau : énergie hydraulique). L’énergie hydraulique sert en effet à entraîner marteaux et soufflets nécessaires au cinglage des loupes et à l’épuration des fers.
Le déclin commence avec l’utilisation de la houille dans les hauts-fourneaux anglais au début de la révolution industrielle. Les réserves de charbon de bois et de minerai comptent peu face à celles des bassins houillers et miniers nouvellement découverts dans le nord de la France. Il s’accentuera avec la concurrence étrangère favorisée par l’ouverture des frontières à la suite de la signature du traité de Libre Echange en 1860.
L’impact de cette industrie sur le territoire fut considérable et durable : surconsommation de charbon et disparition des futaies de chênes, de hêtres, de charmes au profit des taillis de châtaigniers, construction de nombreux châteaux et repaires aux 16e et 17e siècles, création d’infrastructures industrielles lourdes (pour l’époque) pour utiliser l’énergie hydraulique, traiter et faire fondre le minerai ou transformer les métaux obtenus. Beaucoup de ces réalisations marquent encore les paysages.
Sources : Grand Atlas de l’histoire de France - 2011 Ed. Autrement ; https://www.cpie-perigordlimousin.org/espace-fer-et-forges-detouars/

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