Dynamiques et enjeux paysagers du Périgord Noir

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Le Périgord Noir à la fin du XIXe siècle

St-Léon-sur-Vézère - carte d’Etat-Major 1860
A St-Léon-sur-Vézère, de nombreuses vignes occupent les coteaux de la Vézère. Les bois sont relativement peu étendus, la valorisation agricole de l’espace est à son optimum.
Le village de St-Léon est groupé en bord de Vezère, mais de nombreuses fermes colonisent le coteau sud.
Salignac-Eyvigues - carte d’Etat-Major 1860
A Eyvigues, dans le causse, le village est implanté sur un replat en crête comme la plupart des fermes. Le causse est avant tout un territoire agricole où prés, champs et vignes occupent l’essentiel de l’espace. Les bois sont cantonnés sur les pentes fortes. Les fonds de vallons ouvrent de minces couloirs de prés ou de champs.

La carte d’Etat-major de 1860 montre un paysage agricole, alternant bois et forêts (vert et vert-jaune) sur les pentes les plus fortes, cultures (beige), vignes (gris) et prés humides (vert-bleu) dans les vallées. Fin XVIIIe, la vigne était très présente notamment sur le causse de Daglan au sud de Domme. Les vignes de la vallée du Céou produisaient le vin de Domme, vin blanc essentiellement destiné au haut pays limousin.



Le Périgord Noir au milieu du XXe siècle

St-Léon-sur-Vézère - photographie aérienne 1950-65
A St-Léon-sur-Vézère, la disparition du vignoble a laissé la place à des friches et à des taillis qui colonisent les coteaux. Dans la vallée, les fruitiers s’intercalent au milieu des parcelles de cultures et des prés.
Salignac-Eyvigues- photographie aérienne 1950-65
A Eyvigues, le causse a subi de plein fouet le dépeuplement des campagnes. L’enfrichement gagne partout sur les anciens parcours à moutons, les anciennes vignes et les terres les plus pentues. Seuls les replats des sommets maintiennent une agriculture.

La photographie aérienne des années 1950-65 permet de préciser l’occupation du sol.

La disparition du vignoble et l’enfrichement des versants

Le phylloxéra puis le mildiou ont ravagé le vignoble à la fin du XIX ème siècle, les vignes ont alors disparu du paysage du Périgord Noir. Les anciennes vignes se sont enfrichées et ont progressivement laissé place à des landes ou à des boisements sur les pentes.
Une partie des parcours d’élevage et des terres cultivées les moins favorables à l’agriculture a été abandonnée aux friches et à la forêt.

Un petit parcellaire ponctué de nombreux fruitiers

Le parcellaire cultivé est de très petite taille, les parcelles sont presque toutes de taille inférieure à 2 ha. De nombreux arbres fruitiers sont implantés dans les parcelles ce qui témoigne d’une agriculture encore très largement vivrière et peu mécanisée. Routes et chemins sont fréquemment accompagnés d’arbres ou de haies.



Le Périgord Noir aujourd’hui

St-Léon-sur-Vézère - photographie aérienne 2018
A St-Léon-sur-Vézère, le reboisement des pentes s’est poursuivi, renforçant le contraste avec le fond de vallée qui est resté agricole. Autour du village s’est développée une urbanisation peu dense qui s’étale dans le méandre de la Vézère et en pied de coteau. Le camping dans la vallée témoigne de la vocation touristique de ce territoire.
Salignac-Eyvigues- photographie aérienne 2018
A Eyvigues, le paysage du causse s’est considérablement simplifié. On n’y retrouve plus que trois logiques d’occupation du sol : sur les replats des hauteurs des clairières agricoles habitées, dans les fonds de vallée d’étroites bandes de prés ou de champs, et partout ailleurs la forêt recouvre les pentes.

La photographie aérienne contemporaine met en évidence de nombreuses évolutions.

Un paysage de plus en plus boisé

Un peu partout les boisements ont globalement continué à progresser aux dépends des espaces agricoles et surtout des prés des terres maigres ou pentues, le phénomène étant particulièrement accéléré dans les causses.

L’agrandissement parcellaire et la raréfaction des cultures

La taille des parcelles a augmenté pour s’adapter au travail mécanisé, les parcelles de 10 ha et plus sont désormais fréquentes. Les cultures sont moins nombreuses, sauf dans les vallées, traduisant la spécialisation vers l’élevage. Les noyers ont quasiment disparu entre les parcelles, mais ils sont toujours présents sous forme de vergers qui occupent une parcelle entière.


  ENJEUX PAYSAGERS

Dans le Périgord Noir, les enjeux paysagers principaux tiennent au maintien de l’équilibre entre agriculture et forêt, à la maitrise de l’urbanisation, et à la mise en valeur des vallées.

Cliquer sur le bloc-diagramme pour faire apparaitre les principales pistes d’actions

Conserver des ouvertures agricoles diversifiées

L’ouverture du paysage dans les vallées apparaît comme une composante essentielle pour appréhender la qualité de ce territoire. Mais cela est également vrai à une autre échelle au sein des boisements où les clairières sont autant de respirations précieuses qui animent les lieux et ouvrent l’espace autour des hameaux et des villages. Leur existence est conditionnée par le maintien d’une agriculture adaptée et diversifiée. Une trop grande simplification des cultures ou des parcelles tendrait à uniformiser les vues et leur ferait perdre de l’attrait. De même la présence de l’arbre « agricole » sous toutes ses formes constitue un atout indéniable : arbre isolé majestueux, vergers ordonnés et graphiques, haies soulignant les limites… L’enjeu est donc de conserver une agriculture diversifiée qui participe à créer des repères et évite la monotonie pour ainsi continuer à créer des tableaux successifs et variés. Une vigilance par rapport aux extensions bâties des villages et des hameaux reste de mise également.

Pistes d’actions envisageables :
- Encourager et favoriser la gestion agricole des espaces qui permet de maintenir des espaces ouverts.
- Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage : prairies, cultures, vergers, bosquets, bois.
- Préserver et renouveler les arbres (haies, arbres isolés, rideaux) qui accompagnent les parcelles. Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire.
- Maintenir une diversité de taille de parcelles. Limiter la taille des parcelles, notamment sur les pentes, éviter les regroupements trop importants.
- Cibler les actions de replantations sur les secteurs qui se sont le plus ouverts.
- Surveiller la progression des friches et des micro-boisements, vecteurs de fermeture du paysage. Eviter toute plantation forestière sur les parcelles agricoles.
- Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter le long des chemins.
- Gérer et planter les abords des villages tout en veillant à ne pas les masquer. Planter les abords des nouvelles constructions.
- Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des clairières.


Veiller à la composition des boisements et des lisières

Les boisements constituent les horizons et la toile de fond de tous les paysages du Périgord Noir. Cependant ici, les bois et les forêts jouent un rôle particulier en raison d’un relief plus tranché et de la présence de massifs plus étendus, comme la forêt de la Bessède. La gestion des boisements et leur composition ont un fort impact dans la perception de ce territoire. Cela peut être pour les vues des lisières depuis les clairières des collines, ou des vues plus rapprochées dans les vallées où la pente des coteaux rend les bois très prégnants ou encore dans les massifs forestiers avec un contact plus intime. Il est important de veiller à la proportion de conifères par rapport aux feuillus ainsi qu’aux modes de gestion et d’exploitation des bois. La taille du parcellaire et sa « géométrie », notamment sur les versants, demande une vigilance pour éviter une artificialisation ou un effet de mitage du manteau forestier. La souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des boisements harmonieux. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes, mélangeant feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée évitant les coupes à blanc. Le traitement des lisières devrait être différencié afin qu’elles ne soient pas trop opaques ou monotones. Toutes ces attentions concourent à offrir un aspect plus « jardiné » et diversifié de la forêt, en accord avec ce paysage composite.

Pistes d’actions envisageables :
- Planter et gérer en tenant compte des formes générales du paysage et du relief. Privilégier des plages d’intervention plus larges que hautes. Eviter l’irruption de la géométrie des lignes de plantations ou du parcellaire sur les versants.
- Privilégier les peuplements de feuillus ou mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Proposer des plans de gestion respectueux de l’environnement et cohérents entre eux sur un vaste périmètre.
- Limiter les coupes à blanc. Préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée. Favoriser une gestion forestière en futaie jardinée, qui maintient une couverture forestière permanente.
- Eviter les microboisements ou les plantations monospécifiques de conifères.
- Concilier propriété privée et accès public aux forêts et aux bois.
- Préserver des espaces dégagés autour des villages et des hameaux.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs. Préserver et mettre en valeur des arbres remarquables.


Maitriser l’urbanisation

L’attractivité du Périgord Noir a entrainé des développements urbains en de nombreux endroits et sous différentes formes, parfois localement affirmées. Au fil du temps, habitations et zones d’activités se sont implantées sur les terres agricoles, en fond de vallée ou sur les versants, en périphérie des bourgs et des hameaux, parfois étirées le long des voies ou de façon plus dispersée dans les collines. Dans ces paysages hautement patrimoniaux et très sensibles, avec de fortes covisibilités, dans les vallées par exemple, la progression de l’urbanisation revêt un fort enjeu. L’image des villages, des bourgs et des villes repose sur la qualité urbaine et paysagère de leurs périphéries et de leurs entrées. Les extensions bâties mal positionnées altèrent la lisibilité de la silhouette des bourgs et des villages. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages en le banalisant, créant des premiers plans qui occultent les vues. L’enjeu est de créer de véritables quartiers plutôt que des lotissements stéréotypés en vase clos, sans lien avec la logique urbaine du bourg. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur implantation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore au respect du site originel du bourg.

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Interdire l’urbanisation linéaire et le mitage.
- Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine. Eviter la fragmentation des espaces agricoles.
- Affirmer les entrées, requalifier les voies d’accès, les pénétrantes, les boulevards.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement) le long des voies
- Dynamiser les centres bourgs pour inciter la restauration des habitations. Faire évoluer le bâti ancien en centre bourg pour mieux correspondre à la demande actuelle (restructuration d’îlots).
- Requalifier les extensions urbaines en faisant appel à l’urbanisme végétal en lien avec le réchauffement climatique. Prévoir des espaces publics structurants ou de liaisons.
- Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement au profit de quartiers reliés avec le centre bourg. Créer de nouvelles voies et un maillage viaire.
- Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations. Favoriser l’alignement des façades et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village.
- Préserver un maillage de chemins autour des villages. Instaurer des transitions avec les espaces forestiers ou agricoles.


Maintenir la qualité du paysage des vallées de la Dordogne, de la Vézère et de leurs affluents

Les vallées emblématiques, Dordogne et Vézère, constituent des sites de tout premier ordre. Leur typicité, leur histoire ou encore leur patrimoine sont mondialement connus et attirent un grand nombre de touristes. Bien-sûr, l’écrin paysager participe grandement à l’image des lieux. Chacune à leur manière, ces vallées révèlent des ambiances et des perceptions remarquables. Il est essentiel que leur essence soit préservée et valorisée, tout en gardant une authenticité. Tout est là et ne demande qu’à s’exprimer ou à être révélé, à aller dans le « sens de ». Toutes les actions visant à prendre en compte le socle géologique (les falaises), la géographie (les cingles), les covisibilités (châteaux), les vues en belvédère (coteaux), la succession des nombreux sites (préhistoire, village ou bourg), les fonds de vallée agricole lisibles et diversifiés (polyculture), le passage de la rivière (fil conducteur)… sont à considérer. L’enjeu est aussi de concilier cette activité agricole diversifiée avec les habitations (transition espaces urbains/ espaces agricoles), en préservant une multifonctionnalité de l’espace. Les vallées secondaires offrent à une autre échelle des parcours complémentaires à ne pas oublier.

Pistes d’actions envisageables :
- Valoriser les caractéristiques paysagères propres de chaque vallée (falaise, cingle, panorama, site urbain, passage de la rivière, patrimoine bâti…).
- Préserver les nombreux sites et paysages singuliers qui jalonnent les vallées.
- Maitriser l’urbanisation en accord avec les qualités exceptionnelles du paysage. Limiter le mitage et l’urbanisation linéaire.
- Donner à l’agriculture une reconnaissance lui permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine.
- Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages.
- Porter une grande attention aux boisements des versants (étendues, formes, composition) qui cadrent les vallées et sont très visibles.
- Limiter les regroupements de parcelles qui unifient le fond de la vallée et font perdre une diversité arborée.
- Maintenir la présence de l’arbre (haie, arbre isolé…) qui ponctue les prés et les champs mais tout en veillant à ne pas refermer le fond de vallée.
- Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles. Eviter d’implanter les plantations à proximité des confluences, des bourgs et des ponts.
- Pérenniser l’ouverture des fonds de vallée. Refaire communiquer les ouvertures successives des fonds, maintenir des perspectives.
- Conserver un cordon de prairies en fond de vallée le long de l’eau.
- Trouver un équilibre entre gestion agricole et préservation des milieux naturels qui constituent des paysages particuliers.
- Préserver la diversité des cultures et notamment des cultures spécialisées : vigne, verger, maraîchage.


Valoriser le fil conducteur de l’eau

La rivière symbolise et résume la vallée, participe à son imaginaire. Le cours d’eau constitue un fil conducteur essentiel du point de vue du paysage, de la géographie ou de l’histoire. Dans chaque vallée, l’eau joue un rôle particulier qui participe à la mise en scène du paysage. Il faut en comprendre la spécificité et les caractéristiques pour laisser à la rivière sa place dans la composition. Toute occasion de voir, d’accéder et de s’approprier l’eau est riche de potentiel. La présence de l’eau mérite une mise en valeur réfléchie tant à l’échelle du grand paysage qu’à une autre plus intime : visibilité des cours d’eau, des confluences, des grands cingles, gestion de la végétation arborée, accessibilité, gestion des fonds humides… Certains secteurs nécessitent une gestion particulière afin de maintenir ponctuellement des paysages plus ouverts : confluences, cingles, abords des ponts et des bourgs… Le patrimoine qui lui est associé (pont, port, quai, rampe, lavoir, moulins, prise d’eau…) mérite également d’être mis en valeur. Sa préservation dans l’esprit des lieux témoigne de la mémoire de la rivière. La composition des bourgs et villages avec la rivière constitue également un fort enjeu et une formidable opportunité. Tout cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Donner accès aux cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins sur les berges. Regagner les emprises publiques oubliées le long de l’eau pour créer des chemins.
- Mettre en valeur le patrimoine lié à l’eau : anciens ports, quais, ponts aux architectures remarquables.
- Mettre en scène les façades urbaines ou les bords des villages sur la Dordogne, la Vézère et leurs affluents.
- Aménager des espaces publics attractifs le long de la Dordogne et la Vézère.
- Gérer la végétation pour voir l’eau, notamment aux abords des ponts, des routes et des villages.
- Soigner les abords des ponts (éclaircie de la végétation) qui constituent des points de découverte privilégiés des cours d’eau. Mettre en scène les perspectives sur l’eau.
- Ouvrir des vues sur la vallée et les rivières depuis les routes.
- Mettre en valeur des points de vue sur la vallée depuis les coteaux.
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau, mais sans la masquer totalement.
- Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Bleue/Trame Verte.


Révéler la spécificité des causses

Suite à la disparition de la vigne, à la réduction du pacage et de la culture sur ces terres difficiles et pauvres, le paysage des causses s’est refermé au fil du temps. Il offre encore ici et là des perceptions étonnantes qui interpellent (vues lointaines depuis les hauts au nord de Sarlat, monts secs et falaises dans la vallée du Céou par exemple). La recolonisation forestière des terrains enfrichés, a contribué à effacer une partie de ce qui fait la spécificité des causses : pierre calcaire affleurante, murets, bories ou cabanes, pelouses calcaires sèches, résurgences ou ruisseaux vifs et frais, clairières jardinées et diversifiées… La notion de causse reste pourtant très évocatrice dans les mémoires et ne laisse personne indifférent. La mise en valeur de ces paysages passe peut-être par une gestion basée sur des systèmes novateurs, des aides spécifiques à mettre en place avec une maitrise foncière et une agriculture différente sur d’autres modes de rentabilité. Il peut aussi être décidé de rouvrir des lieux clés, stratégiquement situés, pour redonner à ce paysage une plus grande attractivité, ou par la gestion spécifique d’itinéraires et de leurs abords.

Pistes d’actions envisageables :
- Identifier des ensembles ou des lieux spécifiques, offrant un potentiel de mise en valeur.
- Favoriser la conservation et la restauration des bories ou des cabanes.
- Préserver et réparer les murets le long des routes et des chemins.
- Encourager et favoriser la gestion agricole des espaces qui permet de maintenir des espaces ouverts. Lutter contre l’enfrichement et la fermeture des paysages des causses. Maintenir les cordons de prés et de champs dans les vallons secs des causses.
- Mettre en valeur des réseaux de murets en recréant une activité agricole ou une gestion assistée, qui soit bien visible depuis une route. Mettre en valeur les abords des routes (gestion des lisières, mise en valeur des petits évènements, ouverture de sections en belvédère ou offrant une vue, visibilité des falaises ou des fronts rocheux).
- Ouvrir des points de vue depuis les hauts. Gérer les parties hautes qui ont un coté plus attractif.
- Créer des boucles de chemins autour des villages. Trouver des itinéraires proposant des perceptions contrastées.
- Proposer des conventions de gestion pour les pelouses sèches, avec un pâturage spécifique.
- Favoriser la perception de l’eau : sources, rivières, résurgences, de l’eau souterraine.
- Préserver la diversité des clairières cultivées : prairies, vergers de noyers, lignes de fruitiers, truffières...
- Soigner les entrées et les abords des carrières. Mettre en scène le travail sur la roche. Mettre en valeur les anciennes carrières.


Valoriser les itinéraires routiers et les voies douces

Les axes routiers suivant les vallées (RD 703, RD 706) sont les premiers vecteurs de découverte des paysages. Dans les fonds ou sur les coteaux, ils constituent une vitrine essentielle du territoire, offrant des vues sur bon nombre de sites et jouant un rôle primordial dans la perception de leurs approches. A l’écart des vallées principales, les routes suivent des couloirs intimes dans les vallées secondaires (RD 57) ou offrent des panoramas très étendus (RD 704). Les approches de Sarlat sont particulièrement sensibles compte tenu du développement périurbain et de leur trafic important. Globalement il est important de préserver la qualité des perceptions et de maîtriser les abords de la voie. La prise en compte de la perception du paysage depuis la voie et réciproquement de la perception de la voie dans le paysage est importante. L’organisation et la maitrise de l’urbanisation le long de ces voies contribue également à leur image de marque. Chaque voie met en avant des atouts du paysage à valoriser : vue, présence de l’eau, couloir d’une vallée, basculement du relief, silhouette urbaine… Tout le vocabulaire routier (signalétique, glissières, ouvrages) a également une importance dans la qualité des itinéraires et doit s’adapter au contexte avec simplicité. Les carrefours constituent des moments de réorientation et de ralentissement qui sont aussi des moments de découverte du territoire à soigner. En prolongement des routes, la connexion avec les chemins apporte autant d’occasion d’arpenter le paysage à une autre vitesse, surtout dans ces lieux très visités.

Pistes d’actions envisageables :
- Soigner le paysage perçu depuis les grands axes. Gérer la végétation pour préserver les vues depuis les itinéraires en balcon.
- Mettre en place des chartes d’itinéraires. Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
- Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
- Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours ou des échangeurs.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
- Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Privilégier un aménagement de la périphérie plutôt que de la galette centrale des giratoires.
- Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, point de vue, point de basculement).
- Entretenir et replanter des alignements d’arbres le long des routes.
- Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage : belvédère, bord de rivière.
- Préserver un maillage de chemins autour des villages et des bourgs.
- Relier les voies vertes (ancienne voie ferrée) au reste du territoire.


Conforter les centres bourgs et soigner les espaces publics

Dans le Périgord Noir, bon nombre de centres anciens ont conservé un certain dynamisme. Ils offrent souvent une ambiance propice à la découverte de leur patrimoine. Les espaces publics constituent le fil conducteur pour découvrir le charme de ces bourgs et villages situés pour certains dans des sites remarquables (Beynac, Domme, Terrasson, par exemple). Ils constituent également le cadre quotidien des habitants. Néanmoins une vigilance reste de mise pour conserver des centralités attrayantes et habitées, avec des espaces publics de qualité, non standardisés. Une fine adaptation au contexte et le respect de l’esprit aux lieux, restent les garants d’un aménagement simple et réussi. La présence de l’eau, la mise en valeur du relief, d’usages particuliers ou encore d’une centralité, consituent par exemple des opportunités pour structurer les espaces publics et leur donner un sens (belvédère, mail, place). L’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une amorce positive annonçant la qualité interne des lieux. La restauration des habitations anciennes délaissées, la mutualisation des parcelles vides pour densifier, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, s’imposent pour proposer de nouvelles façons d’habiter ensemble.

Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Créer des liaisons, supports d’espaces publics, entre les différents quartiers nouvellement construits ou plus anciens. Donner une place aux circulations douces.
- Créer des espaces publics structurants dans les nouveaux quartiers autour de la ville centre. Retrouver des centralités.
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Trouver un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail).
- Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants en lien avec le centre bourg.
- Acquérir, le cas échéant, des « dents creuses » aux endroits stratégiques pour accueillir des espaces publics.
- Recomposer des espaces publics avec l’eau. Mettre en scène les façades urbaines sur la rivière. Valoriser le passage de l’eau comme fédérateur d’espaces publics.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg. Accompagner les mutations du bâti pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui.


Accueillir dans le respect des sites

Le Périgord Noir comporte de nombreux sites patrimoniaux et touristiques bénéficiant d’une fréquentation pouvant être forte. Celle-ci implique des aménagements pour les accès, les stationnements, l’accueil, qui s’ils ne sont pas prévus et réfléchis peuvent dégrader les lieux. Une réflexion sur les qualités du site, sa particularité et son authenticité, est un préalable indispensable. Elle dit déboucher sur des principes de valorisation en adéquation avec l’esprit des lieux. La perception du site depuis ses abords et ces accès dans la phase d’approche, la mise en scène des points de vue et des modes de découverte, le choix des parties accessibles, l’implantation d’une signalétique ou d’informations discrètes et simples… sont autant de points, non exhaustifs, à considérer. Chaque site est unique et doit bien le rester, loin de toute banalisation ou standardisation. Les choix d’aménagements influencent directement l’émotion que chacun viendra y rechercher et finalement trouver. Concilier la fréquentation avec la préservation de leur singularité constitue donc un fort enjeu.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Valoriser les paysages les plus fréquentés par un plan de paysage. Aménager en respectant l’esprit des lieux.
- Soigner le balisage et maîtriser l’affichage touristique.
- Allier découverte progressive et effet de surprise, dans l’approche du site. Lorsque le site est approché de loin, renforcer la découverte progressive à travers les vues lointaines (itinéraire d’approche). Lorsque le site est découvert au dernier moment, renforcer le contraste qui provoque l’effet de surprise.
- Etudier l’insertion paysagère des installations touristiques : bâtiments, campings, stationnements...
- Aménager des stationnements sobres et judicieusement placés. Eviter un traitement trop routier des stationnements. Accompagner les aires d’un projet paysager.
- Favoriser les approches pédestres ou cyclables et pas uniquement automobiles.
- Penser à revoir l’aménagement des sites en fonction de leur obsolescence et de l’évolution de la fréquentation. Reconsidérer les points clés de la fréquentation.
- Mettre en valeur des sites oubliés ou délaissés mais qui ont un fort potentiel évocateur au regard de l’identité des paysages.
- Mettre en valeur les belvédères. Prendre en compte les vues depuis ces lieux pour les aménagements en contre-bas.


Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Au sein des paysages du Périgord Noir, où le patrimoine bâti et les sites remarquables abondent, la polyculture a nécessité au fil du temps la construction de bâtiments agricoles pour l’élevage ou le stockage (matériel, fourrage, récolte) disséminés à travers le territoire. Les fermes et leurs bâtiments présentent donc un fort enjeu de composition avec l’existant en fonction des situations, isolées ou regroupées en hameaux, à la présence de fermes au bâti ancien patrimonial. La facture de ces bâtiments gagne à ne pas être standardisée et à bénéficier d’une architecture simple et esthétique, adaptée aux nouvelles normes et à l’évolution des techniques d’exploitation. Leur localisation et leur qualité architecturale (volumes, matériaux, couleurs…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti ancien. Prendre en compte la valeur patrimoniale des anciennes fermes. Maintenir un espace entre le bâti ancien et les nouveaux hangars. Prendre garde à la concurrence visuelle des hangars avec le bâti patrimonial. Restaurer le petit patrimoine qui ponctue le paysage rural : pigeonniers, bories, murs, puits...
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte ou des vergers.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


Valoriser des lieux singuliers du Périgord Noir

Les cingles de Limeuil et Trémolat constituent des paysages singuliers au sein du Périgord Noir. La Dordogne forme deux vastes méandres resserrés, dont la forme et l’étendue, qui semblent dessinées par la main de l’homme, intriguent. Ces cingles présentent une composition forte, avec un relief forestier tranché par endroits (enfilade régulière du coteau, promontoires, falaises), qui contraste avec un fond plat agricole. A Limeuil, la confluence avec la Vézère et la situation du village sur le coteau viennent enrichir la composition. L’évolution de l’occupation du sol au sein des méandres agricoles est importante dans la qualité des lieux. Les nombreuses covisibilités, les effets de surplomb, l’échelle du site, la vision du tracé particulier de la rivière, la complémentarité et le contraste des ambiances (bord d’eau en bas et belvédère en haut) ou encore la force de certains coteaux sont autant d’atout à valoriser.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Aménager des belvédères de qualité pour voir l’ensemble de chaque cingle.
- Sélectionner et mettre en valeur des points de vue le long des routes et des chemins. Gérer la végétation pour maintenir les vues.
- Favoriser les points d’arrêts pour voir et profiter du site.
- Porter une attention à l’évolution de la végétation des coteaux, très visibles. Eviter une fermeture trop importante de certaines parties qui gomme la singularité du site.
- Maitriser la taille des parcelles agricoles du fond de la vallée et maintenir une certaine diversité. Evaluer l’impact visuel des bâtiments et des serres depuis le sol mais également depuis les belvédères. Atténuer autant que possible l’impact visuel des serres par des plantations.
- Relier l’eau aux crêtes par des chemins en fonction de la topographie. Donner accès à la rivière.
- Maitriser l’urbanisation, y compris en périphérie des villages pour éviter la banalisation du site.
- Révéler et mettre en valeur des points spécifiques : confluence Dordogne-Vézère, urbanisation au contact de la rivière, traversée de rivière et leurs abords.