Perceptions culturelles du Bergeracois
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Aux paysages de l’unité du Bergeracois, située au sud-ouest du département, la basse vallée alluviale de la Dordogne donne une réputation d’opulence. La présence d’un vignoble reconnu aux côtés de grands vergers et de champs de tabac contribue à l’affirmer. Les images du patrimoine architectural et urbain des villages et des bastides offrent également au Bergeracois dans son ensemble une image positive. Ainsi, la rivière et le patrimoine concentrent tous les regards (peu d’images sont là pour témoigner des autres parties de l’unité), même si l’urbanisation souvent mal maîtrisée de la vallée, notamment autour de Bergerac, semble aujourd’hui en diminuer l’attrait [1].
La Dordogne attire dans cette partie du département encore et toujours le regard des peintres et des photographes. Dans cette scène, rien ne vient perturber les qualités du paysage où le cours d’eau et le ciel prennent l’essentiel de la place. Ces qualités sont celles du miroir de l’eau qui fait se fondre les arbres des berges dans la transparence de la rivière, de l’élancement du clocher, pendant de celui des peupliers de l’autre rive, du calme et de la douce harmonie de l’ensemble.
Une rivière, de la vigne et des bastides
Cette affiche des années 1950 illustre les principaux éléments des paysages reconnus du Bergeracois : la Dordogne ici représentée dans un parcours paisible et naturel jusqu’à ses horizons de collines, la vigne, et le patrimoine architectural des châteaux, des églises et des bastides.
La Dordogne : fil des représentations du Bergeracois
En amont de Bergerac : l’image de nature retrouvée d’une rivière industrieuse
Le canal de Lalinde, les écluses et le barrage de Tuilières sont des motifs permanents de la Dordogne navigable en amont de Bergerac. Mais les cartes postales anciennes mettaient déjà en avant les qualités « naturelles » de la rivière, qualités qui sont valorisées aujourd’hui par les aménagements de promenade le long de son cours et de celui du canal.
Ces deux cartes postales du début du XXe siècle montrent les activités qui animent le cours de la Dordogne et sa vallée.
Sur cette carte postale, la rivière et le ciel sont, comme dans le tableau de Peter Thomas plus haut, les éléments fondateurs du paysage.
- Vélo-route Voie verte 91, Bergerac Tuilières
- Copie d’écran du site Internet de la ville de Bergerac, 2019
bergerac.fr/galleries/bergerac-tuilieres-bergerac-par-la-velo-route-voie-verte/
En amont de Bergerac jusqu’à Tuilières, les berges de la Dordogne ont été aménagées pour la promenade renouvelant les images du fleuve autrefois davantage axées sur les aménagements pour la navigation et sur les activités industrielles. Les écluses, le canal restent bien présents dans les images d’aujourd’hui qui privilégient cependant les « détails » au détriment de vues plus amples sur la rivière et le dégagement qu’elle ouvre dans le paysage de cette partie du Bergeracois.
Bergerac : une ville et sa rivière
Dans les représentations de Bergerac, la ville et la Dordogne sont toujours intimement liées.
Datant du milieu du XIXe siècle, cette vue orientée vers le nord donne une place très importante à la Dordogne. En amont et en aval du pont, les nombreux bateaux, petits ou grands, à l’eau ou à quai, évoquent la grande activité qui régnait sur le fleuve. Au loin, au-delà de la ville et de ses nombreux jardins, est représentée une campagne organisée en champs ouverts s’étendant sans discontinuer vers un doux horizon collinaire.
Les représentations et les points de vue ont peu évolué depuis la gravure datant du milieu du XIXe siècle. Le pont et la Dordogne sont toujours en bonne place dans l’image. Si la ville s’est densifiée et étendue vers le nord, les paysages de champs ouverts semblent relativement avoir peu bougé. En revanche, aucun bateau, même de tourisme, ne navigue désormais sur la rivière, rendant le paysage beaucoup plus statique.
La Dordogne à Bergerac a inspiré et inspire toujours les photographes des cartes postales et des medias touristiques. Comme dans les images précédentes, c’est l’espace ouvert des quais ainsi que l’activité du fleuve qui ont le plus changé, modifiant ainsi l’ambiance de la ville à sa proximité.
La Dordogne en aval de Bergerac
En aval de Bergerac, les représentations anciennes mettaient en valeur les attributs naturels de la Dordogne. A partir du milieu du XXe siècle, le paysage est identifié à partir des activités de loisir qui peuvent y être pratiquées, avec une place privilégiée pour la pêche, puis pour les activités nautiques (canoë). Aujourd’hui, peu d’images rendent compte des ambiances de cette portion de la vallée.
À gauche, la carte postale offre une vue panoramique (chose rare) sur le paysage de la vallée occupée par de grands espaces agricoles et un bâti en partie dispersé.
À droite, quelques décennies plus tard, la photo aérienne oblique, montre, non plus un habitat dispersé, mais un étalement urbain qui modifié profondément le paysage de la vallée.
Le vignoble : des représentations qui ouvrent parfois sur le paysage rural environnant
Les paysages viticoles sont peu présents dans le fonds de cartes postales anciennes. Sans doute autrefois moins considérés, comme l’ensemble des paysages agricoles, ces espaces sont aujourd’hui « reconnus » et bénéficient du renouveau de la qualité des vignobles dont ils sont le support. Les représentations de ces terroirs permettent parfois celles des campagnes avoisinantes.
Ces deux cartes postales sont des exceptions dans les représentations des espaces agricoles en général et du vignoble en particulier. Elles rendent compte d’un paysage où la variété des cultures, la présence d’arbres rompant l’horizontalité des champs et de la vigne, les bosquets épars sur un relief très doucement ondulé créent une belle harmonie plastique.
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En haut, à gauche, la photo montre la relation entre les vignes et le village identifié par le volume de l’église et de son clocher. À droite, toujours à Monbazillac, le paysage est rendu plus banal par la prise de vue aérienne oblique. Le village a disparu au profit de grandes étendues de vignes et du bâtiment d’exploitation.
En bas, la notoriété du vignoble de Monbazillac et la situation du château en position de belvédère permettent la production d’images plus larges sur le paysage du Bergeracois.
Les bastides : des images centrées sur le patrimoine architectural et urbain
Les châteaux, les bastides forment l’essentiel des images des paysages du Bergeracois.
Monpazier, Eymet et la vallée du Dropt, Lalinde sont les principales bastides représentées dans le corpus des cartes postales anciennes et des représentations contemporaines. Si Eymet est souvent associée à la vallée du Dropt et à des motifs de cours d’eau, les images ne montrent que peu l’environnement dans lequel elles s’insèrent.
Les deux images inscrivent la bastide de Monpazier dans son paysage, posant ainsi la relation intime nouée entre environnement « agro-naturel » et patrimoine urbain.
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La bastide construite au XIIIe siècle est considérée comme un modèle idéal de bastide pour son parcellaire orthogonal parfaitement conservé. Pour révéler cette organisation peu sensible à l’échelle du piéton, l’image aérienne oblique est privilégiée.
Construite sur les rives du Dropt, Eymet a été fondée au XIIIe siècle. Les cartes postales mettent en valeur ce site privilégié. La présence de la rivière ajoute un élément pittoresque et naturel à l’ordonnancement rigoureux et minéral de la bastide.
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Ces images sont extraites (copies d’écran) d’une vidéo de présentation de la bastide d’Eymet sur le site de la ville. Les éléments du paysage valorisés sont les mêmes que dans les décennies précédentes. Le Dropt et ses éléments de petit patrimoine (moulins, ponts…) sont toujours très présents dans les représentations contemporaines.
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Extraite de la même vidéo de présentation de la ville d’Eymet, chose plutôt rare, l’image ouvre, sur les paysages agricoles alentour.
[1] En témoigne l’appréciation du guide vert Michelin « Périgord-Quercy, Dordogne, Lot » dans son édition 2018 : « La partie sud du Périgord a plus affaire avec l’Aquitaine qu’avec le Périgord noir tout proche. Tout la rattache en effet au Bordelais : la Dordogne, sa vallée alluvionnaire et ses versants plantés de vignes là où la terre est d’argile et de calcaire. Rouge (pourpre) parce qu’il donne du raisin, ce Périgord-là n’est pas des plus riants. Sa grande densité de population, conséquence de la forte demande en main-d’œuvre du vignoble et du tabac au début du XXe siècle, s’est traduite par une urbanisation envahissante. Le vin est somptueux. Le tabac, grande culture régionale, entoure Bergerac. »