Dynamiques et enjeux paysagers du Ribéracois

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Ribéracois Carte d’Etat-Major 1860

Le Ribéracois à la fin du XIXe siècle

Le Ribéracois est depuis longtemps voué aux cultures. La carte d’Etat-major montre un paysage agricole varié, alternant prés humides (vert-bleu) dans la vallée de la Pude, petits bois (vert) sur les reliefs et de nombreuses parcelles de vignes (gris) intercalées dans les cultures (beige). Au début du 19e siècle, avec le développement de l’élevage, les cultures fourragères et les prairies s’accroissent.







Ribéracois photographie aérienne 1950-65

Le Ribéracois au milieu du XXe siècle

Le phylloxéra a ravagé le vignoble à la fin du XIX ème siècle, les vignes ont alors disparu du paysage du Ribéracois. Les parcelles sont retournées en cultures lorsque le sol et la pente le permettaient. Dans le cas contraire, les anciennes vignes se sont enfrichées et ont formé progressivement de nouveaux bosquets ou landes sur les pentes.
La photographie aérienne des années 1950-60 permet de préciser l’occupation du sol. Le parcellaire cultivé est de petite taille, les parcelles sont presque toutes de taille inférieure à 3 ha. De nombreux arbres fruitiers sont implantés dans les parcelles : ce territoire de cultures céréalières n’est alors pas pour autant un paysage dénudé. Routes et chemins sont fréquemment accompagnés d’arbres ou de haies.
Au centre, un ilot de très grandes parcelles se distingue, préfigurant les mutations agricoles des années 1970. Enfin, les prairies de la vallée de la Pude sont bordées d’un maillage bocager.





Ribéracois photographie aérienne 2018

Le Ribéracois aujourd’hui

La photographie aérienne contemporaine met en évidence de nombreuses évolutions.

L’agrandissement parcellaire

C’est après-guerre (années 1970) que la plaine évolue vers une spécialisation céréalière (près de 80 % du territoire sont consacrés aux grandes cultures). La taille des parcelles augmente pour optimiser le travail mécanisé, les parcelles de 10 à 25 ha ne sont plus rares, l’irrigation se développe également, certains champs prenant une forme circulaire autour d’un pivot d’irrigation. Dans la vallée, les parcelles de prairies se sont également considérablement agrandies.

La raréfaction des arbres

Les arbres fruitiers et les haies ont presque disparus du parcellaire agricole. Quelques haies ont subsisté dans la vallée mais on ne peut plus parler de paysage bocager.
Les arbres sont par contre plus présents sur les pentes des collines là où les friches des anciennes vignes se sont transformées en bois.

Des extensions bâties modérées

Les villages n’ont que très peu évolués. Quelques rares constructions neuves apparaissent tout de même çà et là, les plus marquantes étant les grands hangars accompagnant les fermes céréalières.



  ENJEUX PAYSAGERS

Dans le Ribéracois, les enjeux paysagers principaux sont liés au maintien d’une diversité paysagère dans les grandes cultures, à la lisibilité des silhouettes villageoises et la conservation de vallées attractives.

Cliquer sur le bloc-diagramme pour faire apparaitre les principales pistes d’actions


Maintenir une diversité paysagère dans les grandes cultures

Les étendues ouvertes des cultures offrent de nombreux panoramas et des covisibilités qui font la qualité des paysages du Ribéracois. La présence de parcelles de tailles variées anime ici le paysage et les ponctuations arborées jouent un rôle paysager important, créant des jalons et des points de repères. Une vigilance est nécessaire pour évider un dénudement trop important, entrainant une certaine monotonie. Le maintien d’une diversité passe par l’implantation, la conservation, le renouvellement des arbres isolés, des bosquets, des haies ou rideaux et des ripisylves, qui modulent l’échelle du paysage. L’arbre permet aussi de lutter contre l’érosion, de réguler la teneur en eau des sols, participant ainsi à la qualité agronomique des sols. Les abords des chemins peuvent être également le support de cette végétation et concilier desserte agricole et découverte du paysage. Cette diversité du paysage est à coordonner avec la démarche Trame verte et bleue.

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage (cultures, vergers, bosquets, boisement).
- Préserver les arbres (haies, arbres isolés, rideaux) qui accompagnent les parcelles. Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire.
- Veiller à maintenir l’arbre dans le paysage. Renouveler les arbres vieillissants. Inciter à replanter des arbres de haut jet pour l’avenir. Diversifier les modes de plantation : arbre isolé, ligne, haie...
- Cibler les actions de replantations sur les secteurs qui se sont le plus ouverts.
- Entretenir et replanter des alignements d’arbres le long des routes.
- Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter le long des chemins.
- Gérer et planter les abords des villages tout en veillant à ne pas les masquer. Planter les abords des nouvelles constructions.


Veiller aux silhouettes des villages dans leur site

Dans ces paysages ouverts, les villages sont souvent bien visibles. Certains sont implantés en étroite communion avec leur site, en fond de vallée, abrités dans un creux ou en crête. Les covisibilités à travers ce territoire rendent très sensible l’évolution de leur silhouette et de leur périphérie. Même si les développements restent localisés, une vigilance reste nécessaire. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages et participent à l’artificialisation des sols. Il est important d’améliorer les opérations existantes et de promouvoir à l’avenir des modes de développement différents en harmonie avec ces paysages. Il est intéressant de réfléchir à la forme et l’implantation des nouvelles constructions, aux connexions avec le centre bourg et à un développement harmonieux avec le site d’implantation du village.

Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site. Anticiper l’emprise pour une nouvelle rue autour de laquelle se grefferont les nouvelles constructions.
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Préserver la silhouette groupée des villages. Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par de l’urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Éviter les extensions ponctuelles en crête qui s’avèrent très visibles.
- Éviter de ne penser qu’au pavillon individuel comme seul moyen de développement du bourg, promouvoir les maisons de bourg et le petit collectif. S’inspirer du bâti existant et favoriser l’alignement des façades ou des pignons et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs.
- Créer une transition entre les nouvelles constructions et les parcelles agricoles ou la route.


Conserver des vallées attractives et révéler la présence de l’eau

En contrepoint des grandes cultures, les larges couloirs de vallées révèlent des cordons de prairies, parfois entourées d’un maillage bocager encore important comme dans la vallée de la Dronne. De façon générale l’arbre reste plus présent dans les vallées, sous forme de haies ou de ripisylve dans les fonds ou de bosquets et de petits bois sur les versants. Les vallées sont aussi l’occasion de côtoyer les rivières, les rigoles, voire quelques tourbières, qui mériteraient d’être mis en valeur. L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves, le maintien et le renouvellement des haies, participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver ou instaurer un équilibre entre gestion agricole et préservation des milieux naturels qui constituent des paysages particuliers : Vallée de la Dronne, tourbières, rigoles en haut de vallée…
- Maintenir le maillage bocager autour des prés dans les fonds de vallée.
- Conserver un cordon de prairies en fond de vallée le long de l’eau.
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau.
- Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité des villages.
- Ouvrir des vues depuis les routes suivant les fonds de vallée et depuis les routes des versants.
- Soigner les abords des ponts (éclaircie de la végétation) qui constituent des points de découverte privilégiés des cours d’eau. Mettre en valeur les petits ouvrages autour de l’eau.
- Donner à voir le cours d’eau, ouvrir la végétation aux abords des ponts.


Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

L’ouverture de ces paysages rend les fermes, les hangars ou les silos très visibles. Ces derniers, isolés ou non des sièges d’exploitations, constituent des points focaux, et méritent une attention particulière pour participer à la qualité des paysages. Ils contribuent à l’image d’une activité qui participe grandement au dynamisme local. Ces constructions sont en rupture avec l’existant en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volumes, matériaux, couleurs…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti ancien. Maintenir un espace entre le bâti ancien et les nouveaux hangars. Prendre garde à la concurrence visuelle des hangars avec le bâti ancien.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage, particulièrement autour des silos. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


Maintenir des centres bourgs attractifs

La préservation de terres agricoles pour éviter une artificialisation des sols par les nouvelles urbanisations implique de recentrer l’attention vers une dynamisation des centres bourgs. La restauration des habitations anciennes délaissées, la mutualisation de parcelles vides pour densifier, s’imposent plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg. La construction d’un nouvel équipement est aussi l’occasion de reconsidérer l’organisation du village. La qualité des espaces publics joue un grand rôle dans l’attractivité et l’image de la commune. L’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive de la commune. Dans ces environnements ruraux, il est important que l’aménagement des espaces publics conserve une belle simplicité et préserve ainsi le charme des villages. L’enjeu est de préserver ce qui a une valeur et de trouver une nouvelle harmonie avec les aménagements envisagés.

Pistes d’actions envisageables :
- Valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique. Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief, de la clairière ou de la présence de l’eau. Aménager des belvédères.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail)
- Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Utiliser un vocabulaire simple mais de qualité, avec des matériaux locaux, pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, pelouse, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg. Accompagner les mutations du bâti pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui.


Mettre en valeur les routes en balcon et les belvédères

Au nord du Ribéracois, les routes tracent de longues perspectives à travers les grandes cultures du plateau. Ailleurs, des routes en balcon offrent des panoramas lointains au-dessus des larges ondulations du relief, ce qui n’est pas si fréquent dans le département de la Dordogne. Ces panoramas aux vues plongeantes, montrent de nombreux aspects du territoire, éclairant les paysages d’une vision plus géographique. Toutes ces routes méritent une attention pour les mettre en scène à travers des aménagements et par la gestion de leurs abords. La qualité des vues dépend d’un aménagement soigné des premiers plans et des abords immédiats du point de vue.

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur les routes en balcon offrant des vues. Maitriser la progression des boisements sur les crêtes. Valoriser les événements jalonnant les parcours (point de vue, point de basculement).
- Mettre en valeur les vues sur les silhouettes des villages. Identifier et aménager des belvédères pour profiter du paysage : plateforme sobre, table d’orientation, mobilier discret …
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires. Planter le long des routes de plateau pour animer les parcours : arbres isolés, fruitiers, alignements d’arbres.
- Veiller à la qualité des croisements qui sont des lieux de réorientations.
- Aménager simplement les aires d’accueil ou de stationnement.
- Mettre en valeur des points de vue depuis les villages.
- Conserver et valoriser les chemins agricoles communaux, véritables faire-valoir des vues.
- Aménager des circuits de découverte. Mettre en place un balisage et une information claire. Accompagner les chemins par des plantations, de fruitiers par exemple.