Perceptions culturelles du Ribéracois

Les représentations anciennes des paysages du Ribéracois sont centrées sur la Dronne. L’essentiel du Ribéracois est aujourd’hui rattaché (pays, tourisme) au Périgord Vert et à des images mentales de campagnes verdoyantes. En réalité, les paysages des plateaux restent comme hier peu représentés, sinon par quelques images où le patrimoine bâti joue toujours le premier rôle

Carte du « Pays Périgord Vert »
Les différentes subdivisions territoriales, qu’elles soient administratives ou touristiques, associent la plus grande partie du Ribéracois au « Périgord Vert ».
Pays Périgord Vert, https://www.perigord-vert.com/territoire/carte-du-pays-perigord-vert.html

  Les paysages de l’eau

« La vallée de la Dronne, moins pittoresque que celle de la Vézère, et que certaines parties de la vallée de la Dordogne, est la plus jolie du département et peut-être de tout l’ouest ; sauvage et déserte jusqu’à Saint-Pardoux-la-Rivière, elle s’élargit au confluent de la Colle ou Côle et se peuple dès lors de paysages enchanteurs. […]
Cette rivière, [est] célèbre dans le Périgord et l’Angoumois par le charme de ses rives et l’extrême limpidité de ses eaux (…) ».

Adolphe Joanne, Géographie de la Dordogne, Hachette, 1877

« La Dronne ayant abandonné les rocs imperméables du Massif Central en amont de Saint-Pardoux-la-Rivière, devient, de ru presque couleur de suie en ses lieux profonds, une onde incontaminée, comme qui dirait une longue Divonne ; et cela d’abord sans affluents visibles : les sources de fond y suffisent. Puis vient la Côle, régénérée par le Bouillidour des Fonts, source-riviérette qui sort du coteau par un portail de roche, puis y rentre par un autre portail et ressort. Ensuite c’est l’« incomparable » Brantôme, en son île, devant ses cavernes, puis c’est Bourdeilles avec ses rochers, son donjon, puis le Puits de Fontas, le Bouillidour de Creyssac, le Bouillidour de Lisle, inaltérables fontaines, enfin la Nizonne ou Lisonne, qui défie la Dronne en fraîcheur et en virginité. »

Onésime Reclus, À la France : sites et monuments, Garonne et Dordogne (Dordogne, Gironde, Lot) ; Touring club de France, 1904

La vallée de la Dronne est le principal fil pour suivre les représentations de l’unité de paysages du Ribéracois. La rivière, qui la traverse d’est en ouest compile la majorité des images et des descriptions.

La Dronne vers Ribérac, carte postale ancienne, collection particulière, début XXe siècle
La Dronne, vers Ribérac, carte postale ancienne, collection particulière, début XXe siècle
Ribérac, La Dronne au pont, carte postale ancienne, collection particulière, début XXe siècle
La Dronne à Villetoureix, carte postale ancienne, coll. particulière, début XXe siècle

Prairies, arbres le long des berges (parfois des peupliers) créent de belles ambiances le long de la rivière propices à la promenade, aux loisirs. Les ouvertures permises par les prairies le long de la Dronne, et le cadrage des arbres, permettent parfois la mise en scène des silhouettes des villages, comme à Villetoureix.

  Le patrimoine bâti, des éléments de rupture d’une relative monotonie des paysages

Les églises romanes

Les églises et particulièrement les églises romanes, souvent fortifiées, sont des motifs bien identifiés des paysages du Ribéracois. Leurs silhouettes massives animent les reliefs doucement ondulés des campagnes qui encadrent la vallée de la Dronne.

L’art roman dans le Ribéracois, églises du Bourg-du-Bost et de Saint-Martial de Ribérac dessins, Bibliothèque numérique du Périgord, sd
Archives départementales de Dordogne, 1 Fi 1_24058_01
Anatole de Roumejoux (1832-1902), Eglise de Saint-Privat-des-Prés, Détail du carnet n°17, 1887
Archives départementales de Dordogne, A17P30, Carnets de dessins d’Anatole de Roumejoux, Médiathèque Pierre Fanlac de Périgueux
Vanxains, carte postale ancienne, début XXe siècle, Bibliothèque numérique du Périgord, sd Archives départementales de Dordogne, 2 Fi 2159
Au sud de l’unité, le village de Vanxains semble posé « naturellement » au creux de la douce ondulation du relief qu’il met ainsi en valeur. Au premier plan, les deux beaux arbres isolés encadrent ce paysage photographié avec grande sensibilité.
Saint-Paul-Lizonne, carte postale, 3e quart XXe siècle, collection particulière
Cette belle photographie aérienne centrée sur le village ancien de Saint-Paul-Lizonne démontre la place primordiale du bâti et de sa composition dans le caractère de ce paysage du nord-est de l’unité, et son relief de grandes ondulations peu marquées.
Grand-Brassac, photo, 2019 http://www.riberac-tourisme.com/
Une représentation contemporaine rare d’un paysage du Ribéracois. L’église du XIIe siècle est l’argument de cette photographie de l’office du tourisme qui montre l’environnement collinaire boisé dominant le site.

Autres éléments patrimoniaux

Comme les églises, mais moins systématiquement, châteaux et ruines viennent animer le paysage du Ribéracois.

Jules de Verneilh (1823-1899), Tours de Vernodes (Tocane-Saint-Apre), 1882
Bibliothèque numérique du Périgord, Médiathèque Pierre Fanlac de Périgueux, A02P26
Jean Lefort, illustration pour le livre : Marc Chassaing, Images de Ribérac et du Ribéracois, impr. de Guillet-Réjou, 1951
L’ouvrage dont est extraite cette gravure comporte un nombre important d’illustrations originales de l’artiste et historien d’art Jean Lefort. Toutes ont pour sujet les éléments marquants du patrimoine bâti de Ribérac et de ses environs. La gravure sur bois réinterprète de manière contemporaine et donne une force particulière à ce patrimoine du passé.
Voir les autres illustrations de Jean Lefort : http://jean-lefort.fr/images-de-riberac-et-du-riberacois/

  Ribérac, une petite ville à l’écart de la Dronne

Exceptées les images où la Dronne est présente (la ville est située un peu au-dessus du fond et à quelque distance de la rivière), les représentations de Ribérac ne la montrent pratiquement jamais dans son environnement paysager.

Ribérac, gravure ancienne, XIXe siècle, coll. particulière
La représentation ignore la proximité de la ville avec la Dronne. La présence d’une usine et de sa cheminée fumante inscrit cette gravure, par ailleurs très conventionnelle dans sa facture, dans son temps (le XIXe siècle). Les images contemporaines de la ville ne font pratiquement jamais référence au site dans lequel elle s’inscrit.