Repères géographiques de la Double et du Landais

  RELIEF ET EAU

Double et Landais carte relief et eau

Deux plateaux vallonnés

La Double et le Landais forment deux plateaux ondulés, dont la pente générale descend de l’Est vers l’Ouest. A l’Est, les altitudes atteignent ainsi les 200 m pour les plus élevées (206 m au sud de Vallereuil, dans le Landais ; 233 m au sud de Tocane-St-Apre, dans la Double). Vers l’Ouest, le relief s’adoucit et les altitudes maximales culminent autour des 100 mètres.
Ce plateau est ondulé par de nombreux vallons, encaissés de 50 à 70 m, qui drainent le plateau vers les grandes vallées périphériques, Dronne et Isle pour la Double, Isle et Dordogne pour le Landais. Ces vallons sont plus prononcés sur la frange est, avec des dénivelées qui atteignent les 100 m (vallon du Salembre…).
La plupart des ruisseaux ont un régime irrégulier. En hiver, l’imperméabilité du sol entraine souvent des débordements des cours d’eau sur les terres des vallées.

De nombreux plans d’eau

L’imperméabilité des sols, due à la présence de placages argileux, a permis la création de très nombreux plan d’eau. Il s’agit soit d’étangs soit de petites retenues pour les loisirs ou à vocation agricole. Les étangs anciens, créés au Moyen-Age pour assainir les terres et pour la pisciculture, sont surtout très nombreux dans la Double. On dénombre ainsi dans la Double environ 500 plans d’eau, le plus étendu étant le Grand étang de La Jemaye avec 33 hectares. Les petites retenues sont également assez nombreuses dans certains vallons plus ouverts du Landais.

La Double et le Landais forme un vaste plateau forestier entaillé de vallons, ponctués par de très nombreux étangs naturels ou artificiels, dus à l’imperméabilité des sols. On y dénombre environ 500 plans d’eau.
Au premier-plan, le Grand étang de La Jemaye, couvre 33 hectares.

  ROCHE ET SOL

Double et Landais carte géologique

Des plateaux tertiaires plutôt homogènes

Avec la Guyenne qui les prolonge au sud, la Double et le Landais appartiennent à un ensemble de plateaux tertiaires qui s’étendent vers l’ouest jusqu’à la Garonne. Les formations sédimentaires du calcaire du Crétacé, largement présent en Périgord central, ont été recouvertes ici par les formations géologiques plus récentes de l’éocène (e2 sur la carte) et de l’oligocène (g). Les dépôts sableux de l’oligocène ont été érodés par l’eau, révélant sur les versants, les couches de l’éocène. Ces dépôts venus du Limousin cristallin, également connus sous les termes de Sidérolithiques, Sables du Périgord ou Molasses sont souvent sableux avec une forte présence de graviers, mais aussi argileux, pauvres en calcaires, donnant des sols lessivés peu adaptés à l’agriculture. Or, ces sols, qu’on retrouve en taches minoritaires dans le reste du département où ils contribuent à la diversité des milieux, sont ici assez omniprésents, gage d’homogénéité.
La présence du bois, d’argile et de sable se traduit dans la construction vernaculaire avec l’utilisation de structures à pans de bois et de torchis caractéristique de cette entité.

Quelques bancs calcaires sur le plateau de Villefranche

Dans le Landais, vers Villefranche-de-Lonchat et Montpeyroux, apparaissent cependant à la fin de l’Oligocène, au-dessus des successions sableuses et argileuses, des bancs calcaires et des molasses fluvio-lacustres, venues cette fois des Pyrénées. Ces formations plus récentes, bien associées à la vigne, deviennent majoritaires plus au sud. Ici elles se traduisent par des reliefs un peu plus marqués.

Sables et argiles dominent dans la Double et le Landais, formant des sols acides, secs l’été et humides en hiver, peu adaptés à l’agriculture.
Dans le Landais, ici près de Villefranche-de-Lonchat, quelques bancs de calcaires lacustres, offrent des sols plus fertiles, propices à la vigne.

  AGRICULTURE

Double et Landais carte agriculture

Des clairières où dominent les prairies

Au sein de cette unité majoritairement boisée, l’agriculture n’occupe qu’une faible partie du territoire. L’espace agricole forme des clairières, situées principalement sur les parties supérieures du relief. Il n’y a que sur la frange est, dans la vallée du Salembre, que des prairies occupent en partie le fond de vallée. Les clairières agricoles vont de petites parcelles isolées de quelques hectares à des espaces plus importants qui s’étalent sur quelques km2 le long des crêtes.
Les fourrages destinés à l’élevage bovin (viande et lait) occupent l’essentiel des terres. Les prairies permanentes dominent car les cultures sont rendues difficiles en raison de l’abondance ou de l’absence de l’eau entre l’hiver et l’été. Les prairies artificielles et cultures de maïs destinées à l’ensilage restent peu nombreuses. Les cultures sont un peu plus présentes dans le Landais et se mêlent avec de petites parcelles de vignes dans la frange sud-ouest, couverte par l’aire de l’AOC Bergerac.

Sur ces sols pauvres, l’agriculture reste modeste, ouvrant des clairières sur les parties supérieures du relief. Les prairies permanentes dominent car les cultures sont rendues difficiles en raison de l’abondance ou de l’absence de l’eau entre l’hiver et l’été.
Au premier-plan l’étang et la clairière des Tables, au second-plan la clairière de Légé. La Jemayre-Ponteyraud

  ARBRE ET FORET

Double et Landais carte arbre et forêt

Un pays de forêts et de landes

Sur ces sols de sables et d’argiles, peu propices à la culture, la forêt a depuis toujours été prépondérante. La Double est ainsi mentionnée comme une forêt « Sylva Edobola » dès le VIIe siècle. Le nom du Landais évoque quant à lui les landes qui associées aux forêts et aux marais couvrent ce territoire.
La canalisation de l’Isle au XVIIIe siècle, facilitant le transport du bois, a favorisé une exploitation intensive de la forêt au profit notamment des chantiers navals de l’Atlantique. Ces prélèvements, ajoutés aux usages domestiques locaux (charbon de bois, bois de chauffage…) ont provoqué une régression de la forêt et le développement de landes. De nombreux étangs furent alors créés pour la pisciculture. Les arbres permettaient d’absorber une grande partie des eaux du sol. Avec leur disparition, la région s’est trouvée transformée en terres humides où les habitants souffraient du paludisme. La mortalité est alors forte et la région a une mauvaise réputation.
Quelques tentatives d’améliorations seront lancées au XVIIIe siècle mais c’est surtout à partir du Second Empire que l’assainissement de la Double et du Landais est entrepris. Des routes sont créées pour désenclaver le pays, des fossés sont tirés pour assainir les terres, des étangs sont asséchés et le chaulage des sols se développe, améliorant le rendement agricole. En parallèle des reboisements sont entrepris avec des plantations de chênes puis de pins maritimes. Cette essence s’adapte très bien aux sols pauvres de la Double et du Landais et la culture du pin maritime va prendre progressivement une forte extension tendant même à remplacer les autres essences de feuillus.

Double et Landais carte des peuplements forestiers

Quelques tentatives d’exploitation de résine furent engagées vers 1850, mais sans poursuite de l’activité.
La forêt couvre aujourd’hui environ 60% du territoire de la Double et un peu plus de 50% dans le Landais. Il s’agit presque exclusivement de forêts privées, à l’exception de la forêt domaniale de La Jemaye. Les parcelles sont le plus souvent de petites tailles, l’activité forestière représente plus une forme d’épargne qu’une véritable activité. La Double et le Landais ont toutefois bénéficié d’investissements forestiers privés.

Une forêt dominée par les pins maritimes

La forêt est dominée par le pin maritime (56 % du couvert), cependant il ne s’agit pas d’une domination massive comme on peut l’observer dans le massif des Landes. Si quelques grandes étendues monospécifiques existent (nord-ouest de la Double, sud-ouest du Landais), elles sont minoritaires. C’est plutôt la forêt mélangée (notamment pin maritime et chêne pédonculé, mais également charme, chêne tauzin, châtaignier) qui domine et cette présence des feuillus, en bois, bosquet ou bande boisée, atténue celle des pinèdes.

Occupant plus de 50% du territoire, la forêt forme le cadre paysager de la Double et du Landais. Les parcelles sont le plus souvent de petites tailles, mélangeant pin maritime et chêne pédonculé, mais aussi charme, chêne tauzin, châtaignier.
Monfaucon, en second plan la clairière de Bigounin.

  URBANISME

Double et Landais carte urbanisation

Un territoire peu habité

Dans ce territoire forestier aux terres peu productives, les implantations humaines sont toujours restées très mesurées. Les densités de population demeurent très faibles au cœur de la Double ou du Landais. Les villages, distants de 5 à 7 km dans la Double, 4 à 5 km dans le Landais, restent de taille très modérée, les communes ne dépassant guère 100 à 400 habitants malgré de nombreux écarts.
Les bourgs principaux se situent sur les franges du massif forestier, au contact des grandes vallées qui constituent les axes de circulation principaux, ainsi la Roche-Chalais (2 900 hab) et St-Aulaye-Puymangou (1 700 hab) dominant la vallée de la Dronne. Implantée au cœur du Landais, Villefranche-de-Lonchat (1 000 hab) fait figure d’exception, la bastide bénéficie toutefois de sols plus fertiles où l’agriculture a pu prospérer.

Des villages et des routes en hauteur

La plupart des villages et des routes sont implantées sur les hauteurs, sur des crêtes où l’hydrométrie des sols était moins pénalisante. Les fermes isolées ont suivi la même logique, privilégiant les positions dominantes, au cœur de petites clairières agricoles. Il y a une exception à ce schéma sur la frange est où le relief plus affirmé « dicte » l’occupation du sol dans la vallée du Salembre : les routes empruntent le fond de vallée, desservant les villages et les fermes implantées en pied de versant. Les constructions neuves sont peu nombreuses sauf à proximité des vallées. Les constructions anciennes sont çà et là en torchis ou brique, avec parfois des maisons à colombages.

Les villages modestes et les routes sont implantés sur les hauteurs, au cœur de clairières agricoles aux horizons limités.
Echourgnac, dans la Double, commune de 400 habitants au carrefour de plusieurs routes.

  PATRIMOINE

Double et Landais carte protections patrimoine bati et culturel

Patrimoine culturel

Le nombre de monuments historiques protégés est relativement faible par rapport au reste du département. Sans doute peut-on relier ce fait à la faible densité bâtie ainsi qu’a des matériaux de construction anciens (bois, torchis) moins pérennes que la pierre, présente dans le reste du Périgord.
Le territoire de la Double abrite de nombreux ouvrages religieux de l’époque romane avec une originalité architecturale pour les églises du Ribéracois : la coupole. La présence de coupoles a donné l’occasion de bâtir des églises forteresses offrant, au-dessus des coupoles, de vastes chambres de défense comme à Siorac-de-Ribérac et à Sourzac.
Sites inscrits dans la Double : Site du Parcot (Echourgnac, La Jemaye), maison traditionnelle à « bolet » ; Site du domaine de Lavalade à Saint-Aulaye ; Vallée du Rieu-Négre (Parcoul et La Roche-Chalais) ; Étangs et leurs abords à La Jemaye ; Bords de la Dronne à Saint-Aulaye.
Sites inscrits dans le Landais : la bastide de Villefranche-de-Lonchat et ses abords ; le parc et le château de Montpeyroux.





Double et Landais carte protections patrimoine naturel

Patrimoine naturel

Le patrimoine naturel protégé concerne presque exclusivement la Double. Les vallées sont recouvertes, entre autres, de forêts alluviales à aulnes noirs et frênes communs, de chênaies à chênes pédonculés et tauzins, de landes humides à bruyères ciliées et bruyères des marais, et de tourbières hautes.
Les vallées forestières avec les cours d’eau et les étangs constituent des sites importants pour le réseau Natura 2000 pour la conservation d’espèces animales menacées. On peut y trouver notamment la cistude d’Europe, l’écrevisse à pattes blanches, la loutre, le vison, le chabot commun ou encore la lamproie de Planer.

Dans le Landais, la bastide de Villefranche-de-Lonchat, fondée en 1286 par Edouard 1er d’Angleterre, a conservé son plan caractéristique de bastide avec ses rues rectilignes se coupant à angle droit et sa place centrale. La bastide est inscrite au titre des sites depuis 1986.




  BIBLIOGRAPHIE

- Chanterac, diagnostic de la commune- CAUE 24- 2017
- Atlas des paysages de Gironde, CG 33, 2012
- Atlas départemental des sites Dordogne, DREAL Aquitaine, SDAP 24, 2010
- La Double, un pays en Périgord. Brousseau-Le Strat. Ed Fanlac, 2006
- Document de référence préalable à l’établissement d’une charte des paysages, DDE24, Diren Aquitaine, 1999