Des paysages paléolithiques à ceux d’aujourd’hui
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Après une évolution plurimillénaire, les paysages enregistrent un retournement de tendance à partir de la fin du XIXe siècle.
Les paysages préhistoriques
Plus que les grands traits du socle géologique, les formations superficielles et les sols prédisposent à la variété des formations végétales, en relation avec les variations climatiques. La mise en place de ces éléments se fait progressivement au Quaternaire, ce qui signifie, dans ce département qui présente de nombreux témoignages préhistoriques datant de la période glaciaire (qui se termine environ -10 000 ans), que les paysages qu’ont alors connu ses habitants étaient assez différents de ceux d’aujourd’hui, en particulier ceux des vallées.
- Reconstitution du paysage à l’entrée du fac-similé de la grotte de Lascaux (be’art, Creative Common)
- Les évocations du paysage du Paléoltihique supérieur font parfois référence à la Norvège ou la Mongolie
La plupart des composantes morphologiques et végétales du paysage ont acquis leurs caractéristiques actuelles peu après la fin des glaciations. Ainsi, au Paléolithique inférieur et durant l’essentiel du Paléolithique moyen, les Acheuléens et les Moustériens ont connu deux glaciations (Mindel et Riss) et leurs interglaciaires. Une partie des hautes terrasses qui bordent les vallées date de ces époques, et il ne reste pas grand-chose de la végétation, des sols et de la faune d’alors. Quant aux habitants du Paléolithique supérieur (Aurignaciens, Gravettiens, Solutréens, Magdaléniens), ils ont tous connu la dernière glaciation (Würm), comme en témoignent les animaux représentés dans les grottes ornées. Les peintres de Lascaux vivaient ainsi dans les périodes encore très froides du « dernier maximum glaciaire », bien avant la forêt atlantique.
A partir de 10 000 av. J-C, les reliefs ont acquis leurs formes actuelles mais les sols, la végétation et la faune continuent d’évoluer pendant plusieurs millénaires. Les Mésolithiques vivent dans un paysage en transformation encore très ouvert et la forêt de chênes qui commencera à être défrichée au Néolithique au quatrième millénaire n’est pas en place depuis bien longtemps quand les premiers cultivateurs s’installent.
Ce Néolithique ancien, qui n’a probablement pas bouleversé les paysages, est mal connu en Dordogne, soit parce que les importants vestiges paléolithiques ont accaparé le temps des archéologues, soit parce qu’il s’est développé lentement ou avec des populations limitées. Les constructions importantes connues sont assez tardives et la découverte d’un premier village néolithique à Bergerac en 2007, datant de -3500 à -3000 fit événement. Néanmoins, localement, les vestiges néolithiques plus récents (2e et 3e millénaires) sont assez nombreux.
Les Néolithiques semblent avoir majoritairement choisi, comme leurs prédécesseurs, les grandes vallées pour leurs installations sédentaires, et les sols calcaires faciles à travailler qu’ils trouvèrent notamment près de Ribérac ou Bergerac. C’est cependant en dehors des vallées qu’ils laissent les marques les plus spectaculaires et durables avec les mégalithes, placés en majorité sur les plateaux, et assez souvent en situation de belvédère, comme il est d’usage dans toute l’Europe de l’Ouest.
La préférence pour les sites de vallées ne sera pas démentie par la suite. Les rives du cours moyen de l’Isle, de la Vézère et de la Dordogne en amont de leur confluence continuent de concentrer les preuves archéologiques d’habitat à l’âge du Bronze puis à l’époque gauloise, excepté quelques oppida qui seront placés sur les hauteurs. Déjà, la tribu locale, les Petrucores, semble avoir installé sa capitale à Périgueux (oppidum de la Curade) et bientôt les Romains choisiront le même site pour créer la cité de Vesunna, en contrebas. Le réseau urbain n’est alors complété que par des installations plus modestes comme Lalinde et Villetoureix.
La répartition des sites préhistoriques suggère une grande continuité des installations jusqu’à l’époque gauloise, avec toutefois quelques évolutions au Néolithique telles que l’apparition de sites dans la région limousine (sans doute absents auparavant pour des raisons climatiques) et l’abandon possible des sites de la haute-Lémance. Pendant cette longue période, les plateaux sont peu habités.
Peu de changements durant l’antiquité et le Haut Moyen Age
Les Romains vont s’étendre un peu plus dans les campagnes que les peuples précédents et initier quelques transformations : défrichements autour de villae, introduction de plantes nouvelles qui prendront de l’importance par la suite : noyer, châtaignier, cerisier, vigne.
Il semble cependant que depuis cette époque jusqu’au Moyen Age, les défrichements furent peu étendus. Autrement dit, ni les transformations techniques de l’âge du Bronze, ni la structuration de la période gauloise, ni l’installation de villes et villas romaines ne semblent avoir eu de conséquences importantes sur le paysage des campagnes où la forêt reste omniprésente au Haut Moyen Age, avant de commencer, au XIe siècle, une longue période de déclin.
« On estime que jusqu’au XIe siècle le capital forestier est intact. Par la suite, la surface forestière va diminuer sans interruption sous l’effet de l’accroissement de la population, du développement de l’artisanat, de la poussée monastique, du défrichement pour l’agriculture et des besoins militaires.
La superficie forestière de la Dordogne atteint son minimum en 1862. »
Programme de reconnaissance des certifications forestières - Aquitaine, Présentation générale de la forêt en Aquitaine, 2011.
Le Xe siècle ne correspond pas seulement à un retournement de situation pour la forêt. C’est aussi, sur l’ensemble de la France, la fin d’une baisse démographique de plusieurs siècles qui va se confirmer dans la suite du Moyen Age, entrecoupée d’épisodes moins favorables. Châtellenies et paroisses couvrent le territoire, choisissant des sites en promontoires pour les uns et des territoires à revaloriser pour d’autres. La population croissante se répartit alors autour de ces petites centralités tandis que le réseau urbain s’organise peu à peu. Le territoire se structure ainsi durablement autour de ces noyaux qui prendront le nom de communes à partir de la Révolution.
Du Moyen Age au XIXe siècle
Urbanisation
Les petits centres urbains vont se développer autour des châteaux et abbayes dont quelques-uns ont été conservés et, dans le sud du département, ce réseau va être complété aux XIIIe-XIVe siècles par une vingtaine de bastides, villes neuves au statut et à la forme particuliers, qui constituent encore une accroche, une mise en valeur des sites concernés.
Irrégulièrement mais inexorablement, la démographie progresse, surtout dans les campagnes. Mais l’urbanisation reste relativement discrète. Les deux principales villes, Bergerac et Périgueux ne dépassent les 10 000 habitants que dans le courant du XIXe siècle. La troisième ville, Sarlat, ne les a pas encore atteints aujourd’hui.
Paysages ruraux
Pendant des siècles, l’agriculture gagne du terrain au détriment de la forêt, sans beaucoup se transformer.
Vers la fin du XIXe siècle, les surfaces boisées sont deux fois moins importantes qu’aujourd’hui. La croissance démographique et l’extension de l’agriculture et de l’élevage, l’importance prise par les vignes, la forte consommation de bois pour satisfaire les besoins énergétiques et industriels… tout semble alors concourir à la réduction des surfaces boisées au profit d’un paysage beaucoup plus ouvert.
Mais cette nature trop exploitée va révéler ses fragilités sur le long terme entrainant une modification des paysages.
Du XIXe au XXIe siècle
Déclin des campagnes mais poursuite de l’urbanisation
Sauf autour de Bergerac, le phylloxera va conduire à la fin du XIXe siècle à un abandon de la plus grande partie des vignobles. A ce moment, futaies et taillis sont dégradés, trop sollicités depuis des décennies pour fournir l’industrie, l’armement. Parallèlement, les solutions et productions concurrentes (charbon puis pétrole, transports ferroviaires puis automobiles, grands sites urbains et industriels…) rendent moins attractive une partie des productions de la Dordogne. Le département connaît un déclin économique qui se traduit en termes démographiques : la population diminue de 25 % entre 1850 et 1970 (dans le même temps l’ensemble de la France en gagne 39 %).
Le déclin finit par être enrayé à la fin du XXe et au début du XXIe siècles (+ 11 % entre 1975 et 2015) pour atteindre aujourd’hui 415 000 habitants, un niveau comparable à celui de la fin du XVIIIe siècle. Cette évolution est identique à celle des départements voisins, sauf la Gironde qui a connu une croissance assez continue depuis le XVIIIe siècle. Et comme dans la plupart des départements ruraux, cette modeste variation démographique n’est pas représentative de l’évolution du bâti, qui augmente, de l’ordre du doublement sur la même période (+ 80 % rien que pour le nombre de logements !). Les bourgs s’étendent à l’extérieur des noyaux historiques avec des formes bâties nouvelles : pavillons, zones commerciales et artisanales, bâtiments agricoles.
Les transformations du paysage agricole
Après la disparition des vignes, une partie des terres cultivées et des parcours d’élevage a été abandonnée aux friches et à la forêt dans les régions où les sols étaient les moins favorables à l’agriculture. Cette évolution a augmenté les contrastes avec les secteurs de grandes cultures des plateaux peu accidentés et aux sols plus favorables.
La Dordogne en quelques chiffres
3 ème département français métropolitain par sa superficie 9 230 km2, soit environ 117 km d’est en ouest sur 125 km du nord au sud.
Point culminant 491 mètres dans le Périgord Limousin, en limite de la commune de St-Pierre-de-Frugie, dans la forêt de Vieillecour.
Point le plus bas : 7 mètres dans la vallée de la Dordogne sur la commune de Lamothe-Montravel.
3 ème département forestier de France avec 4 200 km2 de surfaces boisées qui couvrent 45 % du territoire du département (données agreste 2014)
3 043 km2 de Surface Agricole Utile (SAU) soit 33 % du territoire du département (données agreste 2014)
57 % de la SAU en fourrages et surfaces toujours en herbe, 32% de la SAU en céréales et oléoprotagineux (données agreste 2014)
123 km2 de vignoble soit 4 % de la SAU (données agreste 2014)
100 km2 de vergers soit 3 % de la SAU (données agreste 2014)
aires urbaines autour des pôles de Périgueux (103 173 habitants en 2014), Bergerac (81 322 habitants en 2014), Sarlat-la-Canédat (19 425 habitants en 2014)
505 communes
415 000 habitants en 2016. Sa densité de 46 habitants par km2 est l’une des plus faibles de la région (70 habitants/km2 à l’échelle de la Nouvelle Aquitaine).
144 000 emplois en 2013
2 millions de visiteurs par an, le tourisme représente 22 % de l’économie locale.